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Saturday, 20 April 2024
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Friday, 20 October 2006

Avant propos : Comme pour l'Iran, en raison des circonstances et de la reprises des affrontements entre Talibans et forces américaines et européennes au sud de l'Afghanistan, j'ai décidé de passer ce pays assez rapidement d'autant plus que nous devons parcourir plus de 800 kilomètres dans la région du Baloutchistan réputée dangereuse. Jusqu'à Quetta, la route longe la frontière Afghane passant quelquefois à moins de trente kilomètres.
Les autorités locales devaient penser comme moi, car notre voyage à travers ce pays s'est déroulé dans de drôles de conditions et en un temps record...

Pakistan : du  4 octobre au 09 octobre 2006, 1500 kilomètres

Sans aucune tentative de corruption et en un temps très honnête nous pénétrons au Pakistan. Très vite nous roulons plein Est direction Quetta que je souhaite rejoindre rapidement. La frontière entre Pakistan et Afghanistan n'est que virtuelle dans ces zones montagneuses et au gré des accrochements entre les forces engagées, les talibans peuvent passer la frontière et je ne souhaite pas faire de mauvaises rencontres.

Le paysage ne change guère de ce que nous avons vu pendant huit jours en Iran. Le désert est ici plus désertique et nous ne rencontrons pratiquement personne pendant plusieurs dizaines de kilomètres. De temps en temps nous croisons le cadavre d'un dromadaire dont les côtes décharnées brillent sous les rayons du soleil. A perte de vue les champs de rocailles alternent avec les dunes de sable qui par moment recouvrent la route ou ce qui sert de route. Tout au plus une piste de mauvaise qualité constituée de plaques de goudron posées bords à bords comme un gigantesque puzzle. Très rapidement nous devons faire du hors piste et emprunter le désert. Les stabilisateurs du camping car ne s'en remettront du reste pas.

             

Les seuls véhicules que nous croisons sont les camions pakistanais « tunés » et haut en couleurs qui,  klaxon hurlant nous croisent dans des panaches de poussière car chaque véhicule doit mettre une roue dans le bas côté. Je ferai les frais de l'opération en crevant à deux reprises. Personne ne répare les pneumatiques tubeless dans la campagne et je roule pendant plus de cent kilomètres sur une des deux roues jumelées. On croise les doigts, la roue de secours est percée depuis l'Iran et entre Kerman et la frontière Pakistanaise personne ne répare ce genre de pneu. Ah oui, j'oubliais depuis la frontière la conduite s'effectue désormais à gauche.

               

Nous passons notre première nuit dans un poste avancé de la douane qui nous accueille gentiment non loin de la ville de Dalbandin. A la première heure le lendemain, nous reprenons notre route. Nous franchissons deux ou trois passes, l'équivalent de nos cols et arrivons à Nushki ou je fais enfin réparer ma roue. Ouf, je peux enfin crever à nouveau  sereinement. Ce que je ne tarde pas à faire du reste. Nous passons notre seconde nuit dans une station service à une cinquantaine de kilomètres de Quetta, chef lieu de province du Baloutchistan, région la plus pauvre, la moins peuplée et la plus grande du pays du pays.

                 

Quetta, ici se rassemble toute la misère du monde. Sous un ciel chargé de la fumée des fabriques de briques et des gaz d'échappements en particulier des rickshaws, la ville est entourée des campements de réfugiés Afghans fuyant la misère encore plus grande de leur pays et une guerre qu'ils ne comprennent pas. Ils vivent sous de toits de paille dans le plus grand dénuement. Nous faisons quelques courses et changeons un peu d'argent avant de reprendre la route vers Lahore. A aucun moment nous ne nous sommes sentis menacés.

               

Notre mésaventure commence là, à quelques kilomètres de la sortie de la ville. Nous sommes arrêtés à un poste de police. Rien de bien grave, depuis la frontière nous avons été arrêtés des dizaines de fois, avons du fournir noms et passeports, nous sommes habitués. Départ sous escorte : rien de nouveau non plus deux fois déjà nous avons été escortés sur de courtes distances, lors de passages des passes, lieux d'attaques potentielles.

Ce coup-ci c'est plus sérieux. Nous suivons le pickup de la police sur une route sinueuse longeant une rivière asséchée. Le paysage est grandiose. Nous croisons plusieurs villages aux maisons basses de pisé. Là, nous arrivons dans une zone où l'on extrait du charbon. Comme au temps de la ruée vers l'or, chacun creuse son trou étayé de quelques planches et prospecte le filon.  Après trente kilomètres les policiers s'arrêtent, aussitôt relayés par une seconde équipe et ainsi de suite pendant plus de deux cents kilomètres, de district en district. Nous devions rouler plein Est et nous roulons plein Sud. Inquiétant ! Impossible de savoir ce qui se passe. Les policiers semblent illettrés et ne parlent aucun mot d'anglais. Il fait nuit depuis une heure lorsque nous rentrons dans la  localité de Jacobabad  à l'extrémité Sud Est du Baloutchistan. Nous sommes conduits au commissariat de police où l'on nous demande de passer la nuit, sous haute protection. Il parait que cette région est dangereuse et que ces mesures n'ont pour but que d'assurer notre sécurité. J'en doute !

                 

Sept heures, le lendemain, après une nuit exécrable chargée de bruits et écrasée de chaleur, nouveau départ sous haute protection direction Lahore. Nous remontons la plaine du Pendjab plantée de rizières, de bananeraies. Partout des fabriques de briques. Nous apercevons les premiers manguiers.  Ça  sent bon l'Asie. Il nous tarde de manger de bons fruits exotiques. Nous nous trainons sur les routes  et autoroute de  misère, sans arrêt, sans nourriture et plus grave sans eau. Vingt heures nouvel arrêt dans un second commissariat. Treize heures de conduite pratiquement non stop  pour parcourir 450 kilomètres.

               

Lendemain, reprise du convoyage. Je m'énerve et leur fait savoir. Je ne veux plus d'eux comme guides. Le message semble être passé. D'un seul coup leur véhicule se gare et ils nous font signe de continuer sans eux. Ouf, le voyage reprend mais nous ne sommes plus qu'à une centaine de kilomètres de la fin de notre périple pakistanais. Notre séjour aura été plus bref que prévu.   Demain nous passons en Inde.

Que dire de plus, Le Pakistan est un pays pauvre voir très pauvre avec quarante huit pour cent de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté. Ce manque est visible partout, tant au niveau individuel, beaucoup de pakistanais vivent sous la tente ou carrément à la belle étoile que  collectif, commissariats délabrés, absence quasi complète de matériel de travaux publics. Les cailloux sont cassés à la masse le long des routes.

La foi islamique très forte dans le pays maintient les femmes à la maison. Nous n'en voyons pratiquement pas pendant les six jours de notre séjour. Les rares aperçues portent le tchador et contrairement à L'Iran voisin ou le ramadan semble symbolique tellement nous avons vu de personnes fumer, boire ou piqueniquer en pleine journée, ici, nous n'avons constaté aucun manquement.

Dernière nuit dans le complexe douanier de Wahga à la frontière. Nous assistons à la cérémonie commune des drapeaux entre les deux pays. Spectacle haut en couleur ou chacun tente dans le bon esprit, tout du moins ici, d'impressionner son adversaire.

Nous faisons la rencontre d'Ute et Andreas qui viennent de passer le Tibet depuis la chine (une première) et l'Afghanistan. Sur leur site, malheureusement en allemand, vous verrez de belles photos : www.heart-of-silkroad.de

 

Dernière mise à jour ( Wednesday, 30 April 2008 )
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