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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Saturday, 27 March 2010

Bolivie du 3 mars au 14 mars 2010

Nous roulons maintenant sans grands changements sur l'altiplano Bolivien dans la continuation de Pérou. Les formalités à la frontière furent vite expédiées sans que nous ayons eu à débourser le moindre centime de bakchich contrairement à ce qui est dit dans certains guides. Tout au plus une timide  tentative d'un policier Péruvien qui me demanda l'assurance que je n'avais pas. Of course,  personne n'est assuré ! L'attestation de la carte de vitale datée de 2008 et un peu de baratin  fit l'affaire.

Il faut attendre l'arrivée sur La Paz pour que les  montagnes aux hauts sommets enneigés de la cordillère des Andes donnent un peu de relief au paysage.

               

La Paz ; très vite nous nous retrouvons scotchés dans un embouteillage monstrueux  dans cette capitale si particulière, la plus haute au monde à quatre mille mètres d'altitude. A la circulation dense et indisciplinée s'ajoute un marché qui occupe les trottoirs et déborde largement sur la chaussée.

Dans ces conditions, chaque mètre, chaque centimètre se gagne à la force du pare-chocs. Il faut impressionner pour passer. Quelques policiers inutiles tentent en vain de faire respecter un semblant de discipline en dispensant en intervalles réguliers de grands coups de sifflets qui se perdent dans le vent. Nous roulons dans des rues semées de trous et de topés, bordées de petits commerces. Une foule bigarrée slalome entre les voitures en essayant d'atteindre le côté opposé  en bonne santé. Tout d'un coup, nous plongeons dans le vide. A huit cents mètres sous nos roues, s'étalent les immeubles et les maisons du riche La Paz. La cassure est nette, brutale. Une excentricité de mère nature en forme de fer à cheval. La descente est dure et les freins chauffent dans ces épingles au dénivelé impressionnant. La première ne suffit pas à ralentir les véhicules.

Il nous faudra pas moins de trois heures pour atteindre l'hôtel Oberland et son camping. Là, une surprise nous attend. Une grève, fréquente dans ce pays va nous bloquer sur le camping pendant deux jours. La revendication est légitime... Les chauffeurs de taxis veulent pouvoir boire de l'alcool en roulant...C'est un projet de loi interdisant l'alcool au volant qui a mis le feu aux poudres, d'autant plus que le ministre à l'origine de cette loi vient d'être arrêté en état d'ivresse.

Le deuxième jour, dans la nuit, nous partons vers l'aéroport pour y conduire Kachiri. Elle rentre en France pour effectuer un stage en entreprise, en vue de son examen. Nous la quittons après avoir passé l'immigration, le cœur gros. Elle part pour un voyage de trente heures avec une escale de dix heures à Sao Paolo.

Le lendemain la situation est débloquée et nous pouvons partir vers la ville et son quartier artisanal. Nous déambulons dans des rues sans charme à la recherche de quelques pièces de tissu. Décidemment, La Paz n'est pas une belle ville et nous ne serons pas tristes de la quitter.

Il faut attendre Challapata, une petite ville au sud de Oruro, sur la panaméricaine pour enfin trouver une Bolivie comme nous l'espérions. Nous roulons sur l'altiplano à plus de quatre mille mètres et bientôt les troupeaux de lamas viennent occuper l'espace. Par milliers, ils broutent une herbe rare et boivent dans de petits ruisseaux aux eaux claires.

        

Les collines basses qui nous entouraient, laissent progressivement la place  à des montagnes qui se déclinent dans des ocres, des rouges et des bleus. Des canyons se creusent et par moments, nous avons l'impression de rouler dans les stairs cases de l'Utah. Le paysage est grandiose et l'appareil photo commence à chauffer. Perdus dans la montagne, sous un ciel d'un bleu si intense, quelques maisons aux murs de boue séchée et aux toits recouverts d'herbes abritent une population d'une extrême pauvreté. Les mains se tendent sur le bord de la route. Nous ne nous arrêtons pas et des gestes inamicaux fusent. Une femme nous lance carrément deux pierres qui ne nous atteignent pas. Pas friendly ces Boliviens !

       

A l'entrée de Potosi, nous prenons un cap à l'Est en direction de Sucre. Nous suivons une belle vallée au fond de laquelle coule une petite rivière bordée d'arbres, croisons de petits villages tranquilles et plongeons d'un seul coup à deux mille deux cents mètres. La chaleur grimpe immédiatement.

       

Sucre est une jolie ville en dehors de l'axe principal. Capitale constitutionnelle dans la cordillère centrale, son centre colonial abrite de jolis bâtiments dont la cour suprême et l'université de San Francisco Xavier datant de 1624, l'un des établissements d'enseignement supérieur les plus anciens d'Amérique du Sud. Fondée sous le nom de Chuquisaca en 1538, la ville a pris son nom actuel en 1840, en l'honneur du premier président bolivien, Antonio José de Sucre. En 1809, Sucre fut l'une des premières villes d'Amérique du Sud à se révolter contre le pouvoir espagnol. Nous nous baladons dans ses ruelles et son marché grouillants et campons sur la place principale en compagnie de deux autres familles que nous avions croisées à Cusco et à la Paz quelques jours plus tôt.

       

Le temps passe vite et l'hiver se profile dans le sud de l'argentine. Nous devons avancer si nous voulons avoir une chance d'aller faire un tour du côté d'Ushuaia, même si de l'avis de tous, le coin n'est pas inoubliable.

Nous ne faisons qu'une courte halte d'une journée à Potosi, le temps de recaler correctement la cabine de Ludovic qui penche dangereusement vers l'arrière et de renforcer sa suspension par l'ajout de deux lames de ressorts supplémentaires. La ville ne me tente pas du tout avec ses maisons sans charme et ses ruelles pentues. Pendant ce temps, Masya et Mathieu visitent l'intéressant musée de la monnaie, un des rares centres d'intérêt de la ville et nous partons vers le salar d'Uyuni dans le sud est du pays.

      

     

Très vite la route s'estompe et laisse place à une  piste tourmentée et poussiéreuse que nous parcourons sur une bonne centaine de kilomètres. Les tronçons de tôle ondulée nous secouent et les premières douleurs cervicales se font ressentir. C'est aussi l'occasion de très belles photos dans ces paysages grandioses. Sur notre droite, des flamands roses profitent des eaux calmes d'un lac pour une pause méritée dans leur migration à ses hautes altitudes.

      

Il nous faudra plus de dix heures pour rejoindre Uyuni et une nuit passée en bivouac à la belle étoile dans un cadre de hautes collines sous le regard curieux d'un troupeau de lamas.

Le salar d'Uyuni s'annonce depuis le haut de la montagne. L'étendue blanche s'étend comme une mer et occupe l'horizon. Une halte bien méritée à la station service où il faut négocier pour obtenir les mêmes prix à la pompe que les locaux (spécialité Bolivienne, les étrangers doivent normalement payer le carburant le double que les locaux) et un bon coup de jet pour débarrasser les véhicules de leur chape de poussière et nous voilà partis à la recherche d'un tour opérateur qui nous fera visiter le salar. Pas question de conduire les véhicules sur cette mer de sel, encore par endroits recouverte d'eau. Bonjour la rouille !

       

Après maintes palabres, nous trouvons enfin notre bonheur. Les touristes même relativement nombreux n'arrivent pas à occuper les dizaines d'agences de la ville. Le pic de la saison est pour dans trois mois.

Le tour du salar commence par une visite  au cimetière des trains qui ramenaient autrefois le minerai de Bolivie vers les ports du Chili voisin. Visite aussi inintéressante qu'inutile, tout comme  la deuxième visite du jour au petit village de Colchani où nous voyons ce qui occupe tous les marchés artisanaux depuis l'entrée en équateur. Non, la visite du salar se suffit à elle-même. Nous roulons maintenant dans de puissants 4x4 vers l'hôtel du Salar. L'édifice bas construit en briques de sel compte quatre ou cinq chambres agréables et lumineuses que l'on peut occuper moyennant 20 dollars par personne. Dépaysement garanti lorsque, arrivée la nuit, vous vous retrouverez seul sous les étoiles au milieu de cet espace si particulier.    Après un copieux pique nique préparé par l'agence, nous poursuivons vers l'île du pêcheur distante d'une soixantaine de kilomètres.

       

Notre chauffeur somnole et de temps en temps, sa tête tombe sur le volant. Pas de grands risques sur cet univers de sel blanc et d'une planéité parfaite, parsemé de petites îles. Parfois nous traversons une zone encore recouverte d'eau et nous nous arrêtons le temps d'immortaliser ces paysages fabuleux, où le ciel se confond avec le sol et semble porter en suspension les îles et les rares véhicules de touristes qui comme nous, sillonnent le salar. Au loin, le sommet du volcan Tumupa est encore sous la neige.

        

La visite de l'île Incahuasi où île du pêcheur, contrairement aux deux visites du matin n'est pas superflue. Nous escaladons un fort dénivelé sur une petite piste bordée de cactus magnifiques et centenaires. Je ne pensais pas qu'un cactus puisse vivre plus de mille deux cents ans et atteindre la hauteur de douze mètres. Lorsqu'ils meurent, leur enveloppe durcie par les ans est utilisée comme un bois ajouré du plus bel effet, pour la réalisation des signaux indicateurs et des portes des maisonnettes de l'île. Du sommet, la vue embrasse le salar à 360°.

      

La nuit commence à tomber lorsque nous rejoignons Uyuni. Nous avons même  droit à une grosse frayeur, lorsque notre chauffeur quitte involontairement la piste et entre dans le profond fossé qui la borde, où nous sommes ballotés d'un bord à l'autre pendant deux cents mètres. Merci Toyota pour avoir construit un land cruiser aussi sécurisant ! A l'arrière Roxanne est blanche et serre fort Mila, sa petite fille de deux ans. Masya, Jérôme et Matteo leur fils, sont sans voix.

Le lendemain à un goût particulier, nous nous séparons. Ludovic et sa famille ont décidé de traverser le sud Lipez et partent en compagnie de Patrice et Jérôme vers des pistes très difficiles et incertaines sur quatre cents kilomètres, tandis que nous partons vers le Sud Est en direction de Tupiza et l'argentine voisine. Nous ne voulons pas courir le risque de nous retrouver coincés ou casser le matériel pour un ou deux paysages de plus. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. De plus, notre voyage n'est pas extensible et doit prendre fin dans deux mois.

Les deux cents kilomètres de piste qui nous conduisent à Tupiza, ne sont pas mieux que les précédents qui nous conduisirent à Uyuni. Après quelques passages à gué et déviations incertaines, nous décrochons le pare-chocs arrière qui traine lamentablement dans la poussière. Arrêt ! Nous débranchons les fils électriques et rentrons le pare-chocs dans l'habitacle pour le reste de la piste. Il a bien mérité un peu de calme !

      


Après plusieurs heures d'angoisse dans des paysages de collines caillouteuses, de piste longeant des ravins profonds,  nous arrivons enfin à la fin de notre calvaire. Une fine couche de poussière a envahit l'habitacle. Mathieu à l'arrière a vieilli de quarante ans avec sa chevelure grise et ses traits marqués. Rien n'y a échappé, même les couverts et les  linges fermés dans leurs placards. Le paysage change radicalement. Nous entrons dans une fertile vallée cultivée, bordée de montagnes qui se déclinent en dégradés de rouge. Magnifique !

     

Mathieu et moi travaillons tard dans la nuit pour remettre en état le camping car. Perçages, vissages, rivetages, branchements électriques et enfin le pare-chocs retrouve sa place. Demain, nous pourrons entrer en Argentine.

      

 

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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