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Thursday, 28 March 2024
Basse californie a Jalisco E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Thursday, 12 November 2009

Mexique : Baja Californie à Barra de Navidad, du 22 octobre au 16 novembre 2009, 2500 km.

Il suffit de parcourir quelques dizaines de kilomètres au Mexique pour comprendre la raison qui pousse chaque jour des centaines de mexicains à essayer de franchir clandestinement la frontière qui les sépare de leur grand et riche voisin : la misère. Si elle avait un symbole, ici se serait la poussière. Une poussière si fine qu'un simple déplacement d'air la soulève et la véhicule partout, recouvrant arbustes, maisons et voitures sous une chape rouge et épaisse.

Avec le Mexique nous retombons dans le principe des frontières « compliquées ». Après avoir franchir la douane (soldats armés jusqu'aux dents), trafic de drogue oblige, en cinq minutes, on entre dans le long parcours des documents administratifs. Personne n'est là pour vous renseigner. Vous devez chercher une assurance pour le véhicule, chercher la personne compétente qui tamponnera votre passeport, chercher la banque où vous acquitterez vos droits d'entrée : visas, permit temporaire d'importation du véhicule, obligatoire pour le Mexique à l'exception de la basse Californie et c'est seulement après, environ trois heures plus tard, que vous pourrez rouler au Mexique légalement.

 

Tijuana, nous entrons dans un nouveau monde. Après avoir passé quelques mois au canada et aux usa, c'est un peu comme si vous entriez au Maghreb en venant de France. Un no man's land d'une cinquantaine de mètres de largeur,  fermé de hautes tôles tranchantes et patrouillé par la police américaine sépare la ville et les deux pays. Plusieurs hélicoptères tournent en permanence pour compléter la surveillance et dissuader les éventuels clandestins.

Nous ne nous attardons pas et nous enfonçons vers le sud. Tijuana à une mauvaise réputation et l'insécurité due à la drogue est importante. Après quelques tronçons d'autoroute à péage, nous dépassons rapidement la localité d'Ensenada et poursuivons vers San Vincente pour notre premier bivouac. Sans être mauvaise, il manque un mètre à la route pour la rendre sécuritaire. Il faut être vigilant lors des croisements avec les camions car les rétroviseurs se frôlent.

Le manque d'argent est criant, surtout à la campagne. Manque d'argent des habitants qui vivent dans des masures faites souvent de bric et de broc, manque d'argent du gouvernement pour goudronner les rues des villages et des petites bourgades, manque d'argent pour irriguer des plaines qui pourraient être fertiles, nous en avons quelques exemples lorsque nous croisons de beaux vignobles et de belles terres qui produisent en quantité oignons, haricots, piments où poivrons. A l'entrée de Santa Maria nous longeons même les plus grandes serres qui nous ait été donné de voir jusqu'à ce jour.

La belle couleur dorée des chaumes et de l'herbe mûre a disparu depuis longtemps, le soleil de plomb a fait son œuvre, donnant à la campagne une couleur de cendre. 

               

La plaine s'efface peu à peu, laissant place à un paysage de collines rocailleuses. Les cactus font leur apparition par milliers et se déclinent sous plusieurs formes : filiformes, oreilles de mickey, pieuvres aux nombreuses ramifications, géants aux bras multiples pointant haut dans le ciel leurs épines redoutables.

                 

Nous devons souvent nous arrêter à des postes tenus par des militaires en armes. « D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Circulez ! »,  et croisons de nombreux camions militaires transportant des soldats armés, vêtus de leur gilet pare-balles.

Catavina, nous nous arrêtons pour regarder les peintures rupestres. Rien à voir avec Lascaux. Ici, ce ne sont que quelques traces laissées dans une cavité sous un gros rocher datant tout au plus de l'arrivée des premiers missionnaires. Plusieurs trous ont été faits dans la roche pour clôturer le site et un début de cabane d'accueil sort de terre mais encore ici l'argent fait défaut et rien n'est terminé. Les rochers alentours sont tagués, triste.

Au loin, des vautours cerclent dans le ciel,  un cheval a été percuté par une voiture et plusieurs volatiles s'activent de leurs becs puissants à déchirer les chairs pendant que d'autres attendent leur tour,  perchés sur des cactus.

 

Guerrero Negro est une petite station touristique à mi-distance entre Tijuana et la Paz. Nous nous promenons dans une petite Camargue, admirons une grande variété d'oiseaux : hérons, canards, aigrettes, courlis et bien d'autres. C'est ici également que se trouve une des plus grandes usines à sel du monde.

 

Ici commence le désert de Vizcaino. Les cactus ont disparu et une végétation très basse et ponctuelle fait son apparition. Profitant de quelques points d'eau, de toutes petites fermes survivent tant bien que mal avec quelques têtes de bétail. Il faut attendre l'approche de Santa Rosalia pour retrouver la rafraichissante verdure. Nous venons de traverser d'Ouest en Est la basse Californie et la chaine de montagnes côtière dominée par le volcan « Las tres virgenes », apporte une relative fraicheur. Santa rosalia a vécu ses heures de gloire le temps d'exploitation des ses mines de cuivre. Plusieurs français étaient venus s'y installer transportant même dans leurs bagages une église qu'ils remontèrent planche par planche. Depuis les mines ont été abandonnées, les français sont partis et la misère s'est installée.

Mulegé un peu plus au sud est un village agréable aux rues étroites surplombées des terrasses de restaurants. Une tempête doublée d'une inondation a renversé bon nombre de palmiers et arraché une grande quantité de toitures. Ces pluies diluviennes si lourdes de conséquences pour les hommes ont eu un impact positif sur la végétation qui a explosée. Les cuvettes se teintent de vert tendre tandis que les arbustes et fleurs se parent de rouge, de jaune ambré et de mauve. Le printemps fait à nouveau son apparition.

       

La Baya Conception nous offre un cadre enchanteur. Nous roulons sur de  douces collines verdoyantes et colorées en longeant les  plus belles plages que nous voyions depuis bien longtemps. Nichées au fond de petites criques, les eaux turquoises du pacifique viennent mourir paisiblement sur de petites plages de sable blanc désertes. De temps en temps une paillotte fragile abrite quelques baigneurs.

     

A l'approche de La Paz, le relief s'aplanit et laisse place à de grandes prairies où pâturent de beaux troupeaux.

La Paz est une petite ville agréable avec un front de mer bien aménagé en une longue promenade. Des dix huit heures, lorsque le soleil se couche et qu'une relative fraicheur tombe sur la ville, les gens sortent de chez eux et se baladent. Plusieurs vendeurs proposent glaces et autres popcorn. En ce jour de Halloween que fêtent également les mexicains, nous avons droit à des danses et chants folkloriques. Un théâtre a été monté et l'histoire du Mexique nous est retracée depuis l'époque préhispanique jusqu'à l'arrivée des troupes françaises sous le commandement de Maximilien.

                   

Nous poussons plus au sud en attendant notre ferry qui lundi nous amènera sur le continent. Cabos san Lucas tout au sud de la péninsule est une ville bruyante où il est difficile de circuler. Nous passons la journée sur la plage de sable blanc à profiter de la brise de mer. Au large, trois grands paquebots ont mouillé et attendent patiemment le retour de leurs passagers que trois grands coups de sirènes ramèneront à bord peu avant la tombée de la nuit.

         

Une dernière halte sur le chemin du retour à Dos Santos, charmant petit village aux relents espagnols avec sa mission aux murs chaulés et ses nombreux patios aménagés en boutiques à souvenirs et nous prenons le ferry.

       

Le camping car voyage sur le pont arrière et c'est donc par un grand lavage pour le débarrasser de ses embruns salés que commence notre virée sur le continent mexicain.

Nous roulons vers le sud dans la grande plaine agricole coincée entre océan et les montagnes de la sierra Madre. La canne à sucre occupe une place importante tout comme le sorgho destiné à l'élevage. Nous croisons de grands troupeaux et je ne cache pas que je suis surpris par la « verdoyance » de  ce pays que je voyais davantage grillé par le soleil tout comme le nouveau Mexique ou le Texas. La proximité du pacifique et de la chaine montagneuse expliquent certainement cette fraicheur végétale qui n'existe pas  au nord du pays. A l'approche de Mazatlán la plaine cède du terrain aux nombreuses collines recouvertes d'une végétation dense et impénétrable

Les petites localités défilent entre plaines et collines. De gigantesques plantations de manguiers défilent de part et d'autre de la chaussée.  Nous nous approchons de la côte par une petite route tourmentée. De petits restaurants jalonnent la route. Sur les barbecues grillent crabes, crevettes et langoustes. De temps en temps de petits étalages proposent des fruits, Nous faisons le plein de papayes, bananes, oranges, pastèques et autres caramboles ou cocos que nous dégustons l'eau bien fraiche à la terrasse d'un café.

                 

Puerto Vallarta est une ville moderne et double sur le pacifique. La ville nouvelle qui s'étend dans la plaine au nord avec ses hauts immeubles fonctionnels, ses parcs et ses belles avenues arborées et Vallarta la vieille, bâtie au pied de la sierra Madre del Sur dont les petites rues partent à l'assaut de la montagne. Beaucoup de touristes arpentent les rues de cette belle ville.

A partir de là, le route s'élève rapidement et nous devons franchir la chaine montagneuse avant de plonger vers Barra de Navidad. C'est là que nous allons attendre notre courrier. Nous nous installons sur une petite plage de Méléqué en compagnie d'autres touristes, en fait un village canadien. A l'entrée les francophones québécois et au fond les anglophones de l'Ontario à la Colombie Britannique. Il en arrive tous les jours de nouveaux. Ces retraités viennent ici tous les ans, pour fuir l'hiver canadien. Ce sont des habitués qui se connaissent  et l'ambiance est sympathique. La vie s'organise progressivement.  Les auvents sont déployés, les antennes satellites orientées, certains plantent quelques fleurs, un ouvrier vient creuser une mini fosse septique au bord de la nouvelle caravane arrivée. Chaque jour passent le boulanger, le marchand d'eau, le distributeur de gaz, les vendeurs de fruits, de hamacs et les journées sont rythmées par les siestes et baignades. Quelques petits restaurants proposent une nourriture excellente et bon marché à proximité : fruits de mer, enchiladas, quesadillas, buritos, tacos et autres que l'on pousse d'une bonne Corona bien fraiche, l'enfer quoi ?

       

 

Sur la plage mexicains et oiseaux  se partagent dans une belle harmonie le fruit d'une mer riche et généreuse.

Nous rencontrons Véronique à Barra de Navidad, c'est chez elle que notre courrier doit arriver. Elle est installée dans la région depuis de nombreuses années et tient un restaurant français/italien prisé et couru des touristes canadiens et américains : L'ambra di mar. Nous nous y régalons de coquillages, gaspacho, succulentes pizzas et crèmes brulées ou tarte tatin.


 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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