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Thursday, 18 April 2024
De Yellowstone à Las végas E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Friday, 09 October 2009

Du Montana à la Californie, du 23 septembre 2009 au 09 octobre 2009, 3000 km.

Nous venons de quitter le parc de Yellowstone et roulons vers Rapid city et le Mont Rushmore. Perdu dans la contemplation  du paysage et de la faune si riche du parc je n'ai pas surveillé la jauge et nous roulons sur la réserve. La nuit commence à tomber lorsque nous arrivons sur des travaux routiers, la route est fermée. Un ouvrier encore présent sur le chantier m'informe que malgré les barrières « ça doit passer ». Nous contournons les barrières et nous voilà parti à l'ascension de la montagne. Il est trop tard pour faire marche arrière. Il fait nuit depuis longtemps lorsque nous franchissons le col de la Dent de l'Ours à 3400 mètres d'altitude. Dehors la température a chuté largement en dessous de zéro. Derniers gym canas entre les engins de chantier et nous arrivons enfin aux barrières qui interdisent l'accès dans l'autre sens. Nouveau contournement et nous nous laissons glisser dans la vallée. Nous avons eu chaud.

Depuis notre arrivée aux usa, nous  rencontrons de nombreux et importants travaux routiers, autoroutiers et urbains en cours ou juste achevés.  Il semble que le pays ait subi une reprise en mains et que la confiance revienne doucement. Lors de notre passage en mai et juin 2008, nous avions trouvé un pays à l'abandon avec un réseau routier catastrophique et n'avions pas constaté le moindre chantier sur plus de 12000 kilomètres parcourus. Les magasins Wal-Mart, où nous nous arrêtons lors de nos étapes en ville, ne désemplissent pas et les gens remplissent leur chariot. Plusieurs jours d'affilée, nous croisons des dizaines de trains de 125 à 150 wagons comme seul, il est possible d'en voir au Canada, en Australie et ici, chargés de macadam et faisant route vers le nord du pays ou l'ouest, témoignant qu'il ne s'agit pas de quelques travaux isolés, mais d'un immense chantier national de remise en état du réseau routier. Le pays relève la tête, c'est sûr.

Nous traversons le sud du Montana, terres d'élevage. Ici aussi, l'été a été rude. Les collines basses sont brulées et les animaux se rassemblent dans les vallées où l'irrigation arrive à maintenir un peu de fraicheur et de verdure. Le cheval est roi. Pas une ferme, pas un enclos qui ne renferme un ou plusieurs jolis mustangs. Nous croisons beaucoup de petits villages indiens jusqu'à Little Big Horn.

C'est ici, qu'en 1876, le 25 juin,  le général Custer trouva la mort.

Avec sa colonne de 600 hommes mal équipés et affamés, la plupart n'avait que des fusils à un coup, il décida malgré l'avis de ses éclaireurs Crows, et alors qu'une colonne de 1300 soldats commandée par le Général Terry arrivait de l'Ouest, à une petite journée de marche,  d'attaquer seul,  la coalition  forte de 7000 indiens Cheyennes, Sioux et Arapaho dont 2000 guerriers aguerris et armés de carabines winchester à répétition, placés sous le commandement de Sitting Bull et Crazy Horse.

Il scinda sa colonne en trois, plaçant sous le commandement du Major Reno et du Capitaine Benteen  trois compagnies chacun, avec pour mission d'attaquer par le sud, pendant qu'il attaquerait par l'Est avec ses 225 hommes.

Après seulement quinze minutes de combat, les hommes de Reno durent se replier dans un bois, puis sur un piton rocheux où ils reçurent le renfort des trois compagnies de Benteen qui leur permit, au prix d'une bataille acharnée d'attendre le renfort de la colonne qui mit en fuite les indiens.

Pendant ce temps,  Custer et sa troupe, balayés par la vague indienne, se replièrent en désordre vers « The last stand hill », la dernière colline. Tous les trainards furent abattus. Au sommet de la colline il ne restait plus que quarante hommes autour de Custer qui, prenant abris derrière les chevaux, résistèrent vaillamment jusqu'au dernier.  Le 25 juin 1876 au soir, l'immense égo de Custer avait coûté la vie à 265 soldats de la 7eme compagnie de cavalerie et à une centaine d'indiens. 

   

Nous poursuivons notre descente vers le sud à travers le Wyoming. Le long ruban d'asphalte épouse le mouvement des collines. Des milliers de gazelles Pronghorn, par petits groupes,  squattent les nombreux points d'eau, oasis de verdure dans cet univers brûlé de fin d'été. Un cowboy rassemble quelques têtes de bétail. Par moments, le terrain s'affaisse, formant talwegs et barres rocheuses préfigurant les grands canyons de l'Utah et du Colorado, un peu plus au sud.

Rapid city, le terrain s'élève à mesure que nous nous enfonçons dans les Black Hills. La forêt recouvre les montagnes basses d'où dépassent  ça et là, quelques pitons rocheux. Nous approchons du Mont Rushmore.

Cette colossale sculpture dans la montagne, hommage à la démocratie,  représente les têtes de quatre présidents des Etats-Unis : George Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Théodore Roosevelt.  Le sculpteur Gutzon Borglum et  quatre cents ouvriers mirent 14 ans pour la réaliser, de 1927 à 1941.

             

Un peu plus loin, à une vingtaine de kilomètres se trouve le mémorial de Crazy Horse, célèbre chef sioux Lakota originaire des Blacks Hills. Sa statue, indien chevauchant son cheval, gravée dans la montagne, à l'image du Mont Rushmore, est en cours de travaux et il faut voir le prix de l'entrée comme une participation financière aux travaux plus que la visite d'une œuvre aboutie. Cette colossale statue de 172 mètres de hauteur,  fut commencée en 1948, par le sculpteur Korczak Ziolkowski qui travailla seul sur le projet pendant quatorze ans. En 1982, à sa mort, les travaux furent repris par sa famille. Il faudra encore plusieurs décennies pour atteindre le résultat final. Un petit musée renferme tableaux et peintures, articles de presse et artisanat indien.

        

Nous poursuivons notre descente vers le sud du Wyoming  dans l'immense champ pétrolifère du Thunder bassin. Des centaines de pompes puisent inlassablement l'or noir dans l'indifférence des troupeaux de vaches et de pronghorn occupés à trouver une herbe maigre et rare. La route s'élève à nouveau, nous venons de passer  la localité de Casper et roulons sur les  rattlesnake hills (monts du crotale). Sur notre gauche, le rocher de l'indépendance. C'est ici, près de ce immense bloc de granit que venaient célébrer chaque année l'indépendance et leur liberté, les premiers pionniers venus s'installer dans la région. Un peu plus loin, the devil's gate (la porte du diable). Au milieu du XIXème siècle, une colonne de mormons de 560 personnes en route pour Salt Lake city, fut prise dans une tempête de neige et 165 personnes y trouvèrent la  mort, congelés.

        

Nous croisons quelques ranchs magnifiques comme le Pathfinder Ranch qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres. A mesure que nous approchons du Colorado, la barre des montagnes rocheuses se fait de plus en plus nette. Le Colorado, l'état aux mille couleurs. A mesure que nous avançons, avance l'automne. Les feuilles des arbres se colorent de jaunes, de rouges et de bruns. L'été indien s'installe doucement dans la région. La forêt et les collines se parent de leurs plus belles couleurs, ultime sursaut d'orgueil avant une mort programmée.

A Rifle, nous rencontrons le Colorado, jolie petite rivière aux eaux limpides qui s'écoule tranquillement vers l'Utah voisin, le mexique et le Pacifique beaucoup plus loin. Nous ne le quitterons plus jusqu'à Moab, la porte d'entrée du parc des Arches.

Nous quittons la route 70 à Cisco, village fantôme perdu au milieu de nulle part. Les baraques s'écroulent les unes après les autres. Les pompes à essence sont restées en place, comme au bon vieux temps.

La route s'enfonce entre deux falaises à mesure que s'enfonce le Colorado. Le paysage creusé par le fleuve au fil du temps est de toute beauté, cathédrales, forteresses ou châteaux fantasmagoriques, pitons rocheux aux formes les plus variées, rouge brique,  se dressent dans le ciel.

Nous passons la nuit dans ce cadre fabuleux ; mauvaise nuit. Une tempête se lève alors que le jour n'est pas encore levé. La grêle crépite sur le camping car tandis que le vent nous ballote comme l'on secoue un arbre pour en faire tomber les fruits. Des éclairs déchirent le ciel et  l'écho du tonnerre se répercute dans le canyon. Le responsable du camping court d'une tente à l'autre et les fait plier avant de regrouper leurs occupants sous un abri plus solide.

Toutes les caravanes se sont allumées.  Mathieu et Kachiri commence leurs cours, il fait encore nuit.

Les Arches, plateau désertique, lieu de désolation d'une grande beauté, tire son nom d'un phénomène géologique bien connu, l'érosion.

Nous avançons dans un air rosé par les myriades de particules de roche qui,  poussées par le vent violent érode et façonne sans relâche le relief. Terribles défilés où nous progressons, pliés en deux sous la morsure de dizaines de petites aiguilles qui nous brulent le visage. Sur ce sol ingrat poussent quelques petits cactus ainsi qu'une variété de genets et de genévriers qui n'atteindront pas l'âge adulte, pelés et déchiquetés par ce sablage incessant.

Lorsque la mer s'est retirée, il y a trois cents millions d'années, elle a laissé derrière elle des lacs qui se sont évaporés avec le temps et le sel s'est déposé et solidifié en d'épaisses couches pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres. C'est ces poches de sel que  l'érosion détruit en premier, creusant des arches dans la roche dure et faisant apparaître des pitons rocheux aux formes variées où simplement en maintenant un énorme bloc de pierre en équilibre sur une colonne.

        

La route se poursuit sur le désertique plateau de l'Utah. Pas une pousse d'herbe n'arrive à s'accrocher à cette surface aride, bosselée comme une balle de tennis. Green River ville à moitié fantôme, simple relais sur la route 70. On s'y arrête pour faire le plein et on continue sa route, rien à faire ici. On plonge vers le sud.

Capitol reef, la rivière Frémont y a ciselé le paysage au fil du temps, créant dans son étroite vallée une oasis où poussent pommiers, pêchers et quelques autres fruitiers. Une dizaine de familles ont vécu ici jusque dans les années 1940. Nous suivons un sentier jusqu'à un pont de roche, admirons quelques pétroglyphes indiens.

        

La route s élève à mesure que nous nous enfonçons dans la forêt Dixie. Ça fait du bien de retrouver un peu de verdure. A trois mille mètres, les pins ont cédé la place à une forêt de bouleaux dénudés par le froid et l'automne. Dans la descente vers Boulder, nous croisons une harde de cervidés et quelques dindes sauvages. Les fermiers rassemblent leurs troupeaux errants dans la forêt et les rapprochent des ranchs. Il a neigé la nuit dernière dans le nord de l'état, on sent le froid arriver à grands pas sur ces hauts plateaux. Dans quelques jours les routes seront coupées.

La traversée du parc du  Grand Staircase-Escalante, sur les plateaux du Colorado, nous offre un paysage d'une grande beauté. Nous longeons des abîmes du sommet d'une crête étroite. Pendant des siècles, des millénaires, la rivière Escalante et les nombreux affluents du Colorado se sont enfoncés en sculptant la roche tendre dans des drapés d'ocre, de blanc et de rouge qui tranchent avec le vert de la végétation des fonds de canyons.

Nous arrivons tard à Bryce canyon où nous nous installons sur un parking pour y passer la nuit. L'avantage de cette fin de saison, c'est qu'il n'y a plus grand monde et que vous pouvez vous installer n'importe où, ou presque et personne ne vous dira rien. Les commerçants ont fait leur chiffre d'affaire et beaucoup ferment pour l'hiver,  tout le monde est content.

Bryce canyon est peut être le plus aboutit, le plus parfait des canyons jusqu'ici rencontrés. Ici, l'érosion a fait dans le sublime, travaillant la roche comme une dentellière. Les teintes de rouge, de rose,  de jaune, de blanc et de violet ajoutent une chaleur incomparable au site. Les colonnes d'une finesse incomparable s'élancent vers le ciel, un pont majestueux relie deux falaises diaphragmes. C'est là également, dans ce cadre si parfait, qu'une impression de monotonie nous surprend. Deux ou trois points de vue suffiraient à apprécier la très grande beauté du canyon au lieu de la multitude d'arrêts répétitifs qui n'apportent finalement pas grand-chose.

        

Le parc de Zion sera le dernier de notre périple dans l'Utah qui décidément nous aura offert de biens beaux paysages. Zion à l'inverse de Bryce canyon est brut de décoffrage. Ici, nous ne faisons pas dans la dentelle. Les couches successives qui se sont accumulées et compressées avec le temps sont parcourues par la rivière Virgin qui s'est enfoncée, comme la lame d'un couteau dans un mille-feuille, créant un vaste canyon bordé d'énormes pitons rocheux aux parois lisses et abruptes.

                    

Nous roulons maintenant vers le grand Canyon que Kachiri n'a pas vu, à travers les terres de la réserve Navarro. Ici comme bien souvent ailleurs, les terres données aux indiens lors de « leur mise à l'écart » ne sont pas  les meilleurs qui soient. Plaines désertiques arides balayées par les vents de sables et rocailles à serpents. Nous croisons de petites maisons faites de bric et de broc. La misère n'est pas loin.

 

A partir du grand canyon, nous roulons sur nos pas, en direction de Las Vegas sur la mythique route 66.

       

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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