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Saturday, 20 April 2024
De l'état de washington à Yellowstone E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Thursday, 24 September 2009

Etats-Unis : de l'état de Washington à Yellowstone ; du 12 au  22 septembre 2009 : 2100 km

Voilà, nous roulons maintenant entre Pacifique et Rocheuses dans l'état de Washington, plein sud en direction de Portland. J'ai eu raison de m'éloigner de Vancouver pour passer la frontière surchargée en ce samedi, jour de congés. A quelques kilomètres, au nord de Linden, nous sommes en fait les seuls, pas d'attente. Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais j'ai  toujours eu une appréhension à l'approche des frontières. Sur quel genre de douanier allons-nous tomber ? On se retrouve face à un seul personnage, son uniforme et son tampon et jusqu'au moment final où ‘Boum', celui-ci sera apposé sur votre passeport, il peut s'en passer des choses. Nous avons connu la corruption : Roumanie, Iran, Cambodge ; l'excès de zèle en Inde où tout est épluché, fouillé ; l'incompétence  aux Etats-Unis, l'an dernier à notre arrivée d'Australie pour récupérer le camping car quand le douanier nous  obligeât  à prendre un intermédiaire pour remplir un papier inutile et ainsi retardât de deux jours la livraison de notre véhicule.

Aujourd'hui, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'histoire était entendue  et c'est sur un « bonnes vacances » et un sourire que nous retrouvons ce beau pays.

Nous avions opté au début pour une route plein Est en direction de Yellowstone mais un fait m'a fait reconsidérer notre choix. Après quatre années de bons et loyaux services, notre appareil photo commence à montrer des signes de fatigue. Il faut reconnaître que nous ne l'avons guère ménagé, à commencer par la chute que je lui fis subir sur la chaussée alors que nous roulions dans l'atlas Marocain lors de notre premier voyage « d'essais ».

Pourquoi Portland et non Seattle ou Tacoma que nous traversons, pour la bonne raison que l'Oregon n'est assujetti à aucune taxe, en clair pas de TVA.

Nous traversons les terres agricoles du nord de l'état où une petite armée  de mexicains récolte les choux. Au loin sur notre gauche, le mont Baker sous son manteau neigeux domine la plaine, véritable phare au milieu des terres.

Portland, nous nous rendons dans un magasin « BEST BUY » c'est une enseigne pratiquant généralement de bons prix. Notre choix se porte sur un Nikon D5000 et deux objectifs de la même marque, un 18/55 et un 50/200. Nous en profitons pour renouveler l'autoradio qui lui, a rendu l'âme pour de bon. Il ne lit plus les CD, il les brûle. Il faut dire qu'au cours du périple, il a avalé autant de poussière qu'un mineur de charbon.

Pour nous rendre vers l'Est, nous avons le choix entre deux routes longeant de part et d'autre la Columbia river.  L'autoroute 84 au sud dans l'Oregon et la route 14 au Nord dans l'état de Washington. C'est cette dernière que nous empruntons. Elle fut construite sur les traces de Lewis et Clark, deux explorateurs qui reconnurent la voie au début du XIXème siècle.  Nous remontons dans les gorges de la majestueuse rivière, je devrais plutôt dire fleuve majestueux tant elle est large, bien plus que la Loire ou le Rhône, longeons des falaises, traversons des tunnels. Les collines qui nous entourent sont grillées par la sécheresse de cette fin d'été. Au bénéfice d'un élargissement, l'irrigation fait des miracles et de jolies exploitations agricoles prospèrent. De belles vignes occupent les coteaux tandis que vergers et légumes abondent dans la plaine. Des camions chargés de carottes et d'oignons nous doublent. La saison des fruits est terminée seules quelques pommes sont encore visibles. Sur le fleuve de jolis bateaux font la navette d'une berge à l'autre, de nombreux filets traquent les saumons.

 

Autrefois, la Columbia n'était pas ce fleuve paisible que nous voyons aujourd'hui. Plusieurs chutes ponctuaient son parcours, accélérant son débit. Pour répondre aux besoins d'énergie, deux barrages ont été construits sur la rivière dans les années 50 : le Dalles et le John Day. Le niveau de l'eau est monté, gommant les  chutes où, indiens Nez Percés et Yak amas  harponnaient les saumons lors de leurs sauts fabuleux et, transformant l'amont de ce fleuve impétueux en miroir dont pas un souffle de vent ne vient ternir l'éclat.

Nous retrouvons l'Oregon à Hermiston,  et roulons maintenant vers le Sud en direction de Boise dans l'Idaho.

Après avoir parcouru pendant une centaine de kilomètres la vaste plaine céréalière dans les nuances de brun des terres labourées et d'ocre des chaumes en attente, la route s'élève rapidement et la forêt de pins apparaît, le fameux pin de l'Oregon, emblème de l'Etat. L'Oregon est le premier producteur national de bois.

Passées les premières forêts, un paysage de plateaux herbeux  et de cuvettes luxuriantes parcouru par de petits ruisseaux alterne. De jolis troupeaux de petites vaches noires et de magnifiques chevaux  pâturent. Nous croisons quelques villages, quelquefois une ferme isolée à flan de colline, comme aiment les construire les indiens.

Un beau vol d'oie s'est posé sur le bord de la route près d'un plan d'eau et fait bombance  d'herbe grasse avant de reprendre son vol. Nous sommes à la  mi-septembre et la grande migration vers le sud commence. Je ne peux m'empêcher de penser à Sergio, Claude(s), Jean-Pierre et Gilbert. Ils doivent être dans les derniers préparatifs de la palombière qu'ils vont retrouver une année de plus,  sans moi,  pour un mois de convivialité et de grandes émotions. Je leur souhaite beaucoup de plaisir et du bleu dans leurs yeux.

Depuis Boise, la capitale de l'Idaho, nous optons au hasard pour la route US 20 afin de rejoindre Yellowstone et le hasard fait souvent bien les choses, c'est bien connu. Après un début de parcours chaotique,  j'avais oublié de reprogrammer  le GPS après une mise à jour et celui-ci nous entraina dans une petite route agréable où nous étions seuls. Cette route se transforma bientôt en piste et, trop engagés pour faire demi-tour, c'est ainsi que nous franchîmes deux petits cols dans la poussière  en priant pour nos pneumatiques avant de retrouver l'asphalte.

 

La route s'élève rapidement jusqu'à mille huit cents mètres et nous pénétrons dans la vaste plaine de Camas, une plaine à la planéité si parfaite qu'on pourrait la croire faite  par la main de l'homme. La vérité est que nous circulons entre deux rangées de cônes volcaniques qui déversèrent il y a trois à cinq cent mille ans une quantité de lave et de cendres phénoménales dans l'immense cuvette de la Snake River (rivière aux serpents), tout un programme... Ne pouvant s'échapper le niveau de la lave monta,   nivelant   parfaitement la surface et transformant le lieu en une riche plaine céréalière.

La moisson bat son plein, les moissonneuses-batteuses s'activent pendant qu'une ronde de camions évacuent le grain et la paille. Ces terres appartenaient autrefois à la nation Shoshone qui livra bataille à maintes reprises pour les conserver, mais ici comme ailleurs les indiens durent fuir et ils  terminèrent leur errance  dans des réserves.

 

Un peu plus loin, le paysage change  radicalement, toujours des volcans et de la lave mais plus de cendres qui rendent la terre si riche. A Craters of the Moon (les cratères de la lune), la rhyolite est nue, des dizaines de kilomètres carrés de blocs de lave piquante et tranchante crachés par le Big Cinder Butte, dont le cône se dresse fièrement au milieu de la plaine, nous offre un paysage irréel. Rien ne pousse ici si ce n'est, une maigre végétation de chardons, d'herbes folles et de quelques genets servant de nourriture de d'habitat à une race de lapins pygmées, à des coyotes, des lézards et serpents ainsi qu'à des gazelles pronghorn, les plus rapides au monde.

                                            

Notre route se poursuit dans ce paysage hostile, magnifique et  inhabité. C'est ici, loin des regards que le gouvernement américain a installé un de ces centres de recherche à l'énergie atomique. Plusieurs routes interdites à la circulation partent de l'US 20 et cheminent vers de grands complexes  hérissés d'antennes : Atomic city. C'est le nom !

Yellowstone, nous y sommes enfin. Après une nuit passée à l'extérieur, nous pénétrons dans le parc. Moyennant 80 $, nous prenons  un passe annuel qui nous permettra de visiter tous les parcs des USA sans remettre la main au porte-monnaie.

Yellowstone, c'est bien sûr de très beaux paysages, même si en 1988, un terrible incendie ravagea la presque totalité de la forêt,  mais c'est surtout une faune exceptionnelle,  une activité géologique et géothermique hallucinante et une page d'histoire des usa.

A peine avons-nous franchi les premiers kilomètres que déjà, cervidés et bisons par troupeaux  nous coupent la route en toute tranquillité, nous obligeant à stopper. Cette époque de l'année est la meilleure, si l'on ne veut pas être bousculé, avoir à attendre pour trouver une place de parking ou prendre une photo et profiter tranquillement du parc. En contrepartie, il vous faudra supporter les nuits fraiches ou devrai-je dire glaciales car la température chute allègrement en dessous de zéro, nous nous trouvons entre 2000 et 2500 mètres d'altitude, D'après les sources officielles, plus de trois cents millions de touristes parcourent le parc chaque année et la majeure partie pendant juillet et août.

        

La chance est avec nous, un loup traque une proie sur le bord de la route, nous n'aurons pas le temps d'immortaliser la scène. Un peu plus loin, un coyote tente d'attraper un mulot sur le bord d'un étang. Il nous régale pendant une dizaine de minutes, les appareils photos crépitent.

          

Yellowstone c'est aussi un volcanisme à fleur de peau. Avec plus de 3 000 geysers et 10 000 sources chaudes, le parc national de Yellowstone, un million d'hectares, est la plus grande concentration d'un tel phénomène au monde.  Old Faithful (le Vieux Fidèle), le plus célèbre de ces geysers, jaillit pendant environ quatre minutes, en une colonne de vapeur et d'eau chaude qui peut s'élever à 52 m d'altitude. Il  expulse à chaque éruption près de 40 mètres cubes d'eau. Parmi les autres geysers, «le Géant », le plus haut, fait éruption à intervalles irréguliers, et propulse une colonne d'eau haute de plus de 61 m et «la Géante» qui lui, jaillit durant plus de quatre heures, mais seulement deux fois par an environ.

 

                   

Les sources d'eaux chaudes du parc sont encore plus nombreuses que les geysers. Elles se déclinent sous toutes les formes et toutes les couleurs imaginables.  Les minéraux que contiennent certaines d'entre elles se sont déposés en concrétions sur le sol environnant, formant cônes et  terrasses. L'exemple le plus saisissant est le site de Mammoth Hot Springs, où se sont formées des terrasses hautes de 90 m. L'eau chaude qui s'accumule sur ces terrasses forme des bassins au fond desquels prolifère des microorganismes qui colorent leurs eaux. Les volcans de boue sont également nombreux dans le parc.

         

         

Nous avançons sur le couvercle d'un énorme chaudron en ébullition, une bombe gigantesque programmée pour exploser à intervalles réguliers semble t'il. Le Yellowstone explosa à trois reprises,  il y a deux millions d'années, un million trois cents mille ans et la dernière explosion remonte à 600 000 ans environ. Tient, le compte à rebours est presque terminé.

         


Dans les années 1870, pour préserver Yellowstone de l'exploitation forestière et minière, il  fut classé parc national. Plusieurs nations indiennes : Sioux, Craws, Cheyennes, Soshones et Nez Percés  pour ne citer que les principales venaient y chasser et pratiquer leurs rites religieux. Plusieurs affrontements entre indiens et colons eurent lieu. La cavalerie américaine fût appelée en renfort pour rétablir l'ordre et assurer la tranquillité du lieu. La tribu des Nez Percés du chef Joseph, ne vit pas la chose d'un bon œil et opposa une violente réaction. Cinq grandes batailles qui firent plus d'un millier de morts eurent lieu à Yellowstone. Finalement les indiens défaits prirent la fuite vers le canada et terminèrent dans une réserve. Il ne restait plus que 400 Nez Percés dont 90 hommes.

Ce lieu magique, premier parc national mondial comptera parmi nos plus beaux souvenirs de voyage. Le temps défile et nous devons poursuivre notre route.

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 23 December 2012 )
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