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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Friday, 11 September 2009

Colombie Britannique

Nous quittons l'Alaska Highway quelques kilomètres avant Watson Lake pour emprunter le Cassiar Highway en direction de Stewart. Watson Lake, nous nous y étions arrêtés une nuit en roulant vers le nord. Cette petite localité à la particularité d'abriter une forêt de signes. A l'origine, lors de la construction de l'Alaska highway, dans les années 40, un soldat avait ajouté au panneau indicateur son nom et le  nom de sa localité. Depuis, soixante dix mille autres signes indicateurs sont venus le  rejoindre. Désormais un peu de nous est là-bas.

 

Le Cassiar Highway ne force pas le paysage, il l'épouse, ruban d'asphalte posé sur le  relief, Nous montons, descendons, virons, penchons, au gré d'une petite vallée nous filons  droit. Pas même une trace de peinture pour délimiter les voies, pas plus que de rails de sécurité le long des ravins, le minimum routier.

Le paysage défile lentement mais agréablement, semblable à la route empruntée vers l'Alaska. La forêt autour de nous regorge d'animaux sauvages et de perdrix que nous voyons picorer sur le bord de la route, indifférentes à la circulation pratiquement inexistante.

Nous bivouaquons au bord des rivières où nous rencontrons d'autres voyageurs qui comme nous aiment la nature. Michel et son épouse font à peu prés le même chemin. Nous nous rencontrerons trois nuits de suite, complètement par hasard. Tout comme nous il taquine l'ombre arctique. A nos cotés, un natif (indien)  fait de même. Il a posé son fusil contre sa voiture : ‘pour les ours en cas d'attaque'  nous dit-il.

Stewart est une petite localité, coupée  du reste du monde plusieurs fois par an, par les avalanches. Elle est érigée loin, au fond d'une profonde vallée, à la frontière de l'extrême pointe sud de l'Alaska. La vallée se poursuit encore loin vers le Pacifique dans ce qui est le plus long fjord au monde. Un cargo est à quai et des grumes flottent par milliers en attendant d'être chargées et amenées je ne sais où.

A Stewart il n'y a pas grand chose à faire, le centre d'intérêt se situe de l'autre côté de la frontière, en Alaska. Une piste d'une quarantaine de kilomètres  part de la ville « fantôme » de Hyder et s'élève dans la montagne vers le Summit glacier. En chemin, nous nous arrêtons pour admirer une maman grizzli occupée à pêcher. Elle semble n'être plus toute jeune et peine à attraper les saumons qui, même fatigués par le jeune et la ponte, ont encore les ressources d'effectuer des démarrages foudroyants, aussi se contente elle des poissons qui viennent de mourir. Un ours noir se présente à son tour, sentant le grizzli proche, il prend ses jambes à son cou et détale plus vite qu'il est venu.

         

Nous remettons la visite du glacier au lendemain, il se fait tard et la pluie empêche toute visibilité.

La piste serpente dans la montagne, nous croisons plusieurs mines désaffectées qui firent le bonheur de chercheurs, car il se trouva pratiquement autant d'or et minerais ici que dans le Yukon, longeons des zones d'éboulis où il ne ferait pas bon s'arrêter avant d'arriver au glacier. Ce glacier a la particularité d'être approché de très près en véhicule. A vrai dire, nous le surplombons d'une centaine de mètres. Partant de deux sommets distincts, les branches du glacier se rejoignent dans une courbe élégante sous nos pieds avant de s'étirer sur plusieurs centaines de mètres vers le fond de la vallée. Des milliers de crevasses zèbrent sa surface. Nous devons guetter les moindres éclaircies pour le photographier. Chaque rayon de soleil provoque un réchauffement temporaire de sa surface et une évaporation qui se transforme en un épais brouillard que pousse le vent d'Ouest, masquant pour un instant la scène (Le fameux : jour, nuit  des visiteurs).

                                   

 

Les localités de Stewart au Canada et Hyder aux USA ont connu leurs heures de gloire bien après que les mines n'aient été plus rentables, pendant les années de la prohibition. En effet des milliers de personnes passaient la frontière qui aujourd'hui n'est plus représentée que côté canadien,  pour venir festoyer au canada où la vente d'alcools était autorisée. Ces deux localités comptaient alors une dizaine de milliers d'habitants. Aujourd'hui, côté américain il ne reste que des ruines où presque. La population à fuit ce lieu coupé du monde, sans travail et sans avenir.

                  

Après avoir taquiné le saumon dans de multiples rivières avec plus ou moins de succès, nous nous arrêtons sur le bord de la Skeena river, magnifique et large rivière qui prend sa source dans les monts Skeena d'où elle tire son nom et se jette dans le pacifique à Prince Rupert.

 

Je scrute la surface de l'eau depuis un promontoire pour tenter d'apercevoir les saumons quand un individu s'approche: Alex, c'est un indien Kitwanga, il est accompagné d'une femme et de la petite ‘Marroya', le vent en indien. « Nous aussi on regarde les saumons ». Il me parle de lui. Sa vie, c'est la rivière, il y pêche huit mois par an au filet. C'est illégal, mais il s'en moque. Avec la pêche, il nourrit toute sa grande famille, en fait une partie de la réserve. Ce sont plus de 2500 saumons ‘Sockeyes', les meilleurs et 500 saumons ‘Springs' qui finissent chaque année dans ses filets. Nous le suivons à son domicile, une vieille maison devant laquelle joue un chien. Il nous ouvre ses congélateurs qui regorgent de poissons. Certains congelés, beaucoup fumés. C'est sa compagne qui les fume dans sa cabane.

A sa demande, nous le rejoignons une heure plus tard sur le bord de la rivière. Entre temps avec Mathieu, nous prenons cinq saumons à la ligne. Il nous invite à bord de sa barque. Après m'avoir expliqué la manœuvre, il me confit le volant de l'embarcation pendant qu'il met les filets à l'eau. Ensuite nous devons maintenir la barque en travers du courant et nous laisser descendre. Le mortel filet glisse en travers de la rivière, par moments, nous le voyons s'agiter. Alex sourit, ce sont les saumons qui se débattent. De notre premier passage, ce sont quinze saumons qui viennent grossir sa pêche. Six sont remis à l'eau immédiatement. Voyant mon étonnement, il me dit qu'il ne garde que Sockeyes et Cohos, les meilleurs. « Pourquoi manger les numéros trois, quatre ou cinq quand on peut manger les meilleurs ». Logique implacable ! Il existe cinq sortes de saumons.

Alex  démaille les poissons que sa compagne place dans un petit conservateur, en fait, elle a aménagé un petit endroit sur le bord d'un ruisseau perpendiculaire à la rivière et l'eau glacée rafraichit le poisson fraichement pêché. Masya a sorti du camping car deux bassines de vêtements de Kachiri, devenus trop petits. Elle les donne à Marroya. Rayonnante, elle les essaie tous immédiatement, sur le bord de l'eau.

   

Notre deuxième sortie se solde par un fiasco. Au beau milieu de la rivière, le moteur cale : la batterie, nous rentrons à la rame. Nous ramenons la petite famille au domicile pour récupérer l'outillage nécessaire et nous nous séparons après avoir reçu en cadeau deux poches de filets de saumons fumés : délicieux.

 

Nous roulons maintenant vers Jasper. Nous avons rencontré de nombreux canadiens qui nous ont vanté la route de Jasper à Banff comme étant la plus belle route au monde. Il serait dommage de ne pas vérifier.

Jasper ressemble beaucoup à nos petites stations de montagne. La petite localité est coincée entre les sommets élevés et les rues regorgent de touristes flânant devant les nombreuses boutiques de souvenirs. Une petite visite à l'office du tourisme nous confirme qu'il n'y a pas grand-chose à faire dans les rues de la ville, sinon du lèche-vitrines et la visite d'un musée...

L'essentiel se passe sur la route.

Après avoir fait vérifier nos droits d'entrée à une barrière de péage, (au Canada comme aux usa, l'accès aux  parcs nationaux est  payant) nous voilà dans le vif du sujet : Imaginez une petite route au fond d'une vallée à près de mille mètres d'altitude, longeant une jolie rivière au milieu d'une forêt de pins abritant une faune et une flore importante et variée, saupoudrez de montagnes aux hauts sommets couverts de neige et de glaciers s'écoulant lentement dans des lacs aux eaux couleur d'émeraude et vous roulerez effectivement dans un très beau paysage. Mais de là à dire qu'il s'agit de la plus belle route du monde, il faut être canadien pour franchir le pas.  Nous bivouaquons au milieu du parc, près de la mer de glace. En un siècle, le glacier a reculé de deux kilomètres, encore le réchauffement climatique. Nous parcourons à pied ces deux kilomètres. Le dénivelé est rude et le froid vif. Nous y sommes, nous pouvons le toucher. Il continue de fondre et l'eau s'écoule en un petit torrent qui se déverse dans la vallée. La nuit, le mercure  tombe en dessous de zéro. J'espère que le réservoir d'eau ne gèlera pas, j'ai supprimé la vidange automatique qui fuyait.

                     

Nous nous arrêtons souvent sur le parcours pour admirer une cascade, aller à un point de vue, nous enchainons les parcours dans la forêt. C'est superbe !

         

 

Avec l'approche de Vancouver, nous retrouvons des paysages plus sages. Les collines se sont adoucies et la plaine s'est élargie. Nous roulons sur la route des vins dans le bassin de l'Okanogan entre Kélowna et Princeton et croisons de très belles fermes. La saison des fruits bât son plein. Nous ravitaillons dans des stands sur le bord de la route. Les fruits ont profité du soleil de l'Ouest et sont délicieux, contrairement à ceux achetés au Québec. Notre courrier doit nous parvenir à Vancouver et nous ne sommes pas pressés. Nous nous installons deux jours sur les bords d'une jolie rivière et tuons le temps entre farniente et pêche. Kachiri et Mathieu prospecte en vain le fond de la rivière. On ne sait jamais, il y a quelques temps une touriste a ramassé quelques paillettes d'or.

La grande agglomération de Vancouver est partagée entre canaux, rivières et lagon. Pour s'agrandir, la localité de Vancouver a poussé vers le haut en une inextricable forêt de hauts immeubles dans une densité rarement vue à ce jour, peut être Hong Kong et Manhattan.

   

Joyeuses retrouvailles avec Chayada, une amie d'école de Masya. Elles ne se sont pas vues depuis près de vingt ans et ont beaucoup de choses à se dire. Le soir nous nous rendons dans un petit resto Thaï tenu par Toon, une autre amie d'école. Elles sont venues ensemble s'installer ici. L'une dans la comptabilité l'autre dans la restauration et ça marche plutôt bien.

Dein, un ami, nous fait visiter la ville qu'il connaît bien.

En fait, Vancouver est une ville cosmopolite qui abrite  la plus forte communauté asiatique du pays : indiens, coréen, philippins, japonais, chinois et thaïlandais représente la majeure partie des habitants de l'agglomération. Le climat tempéré de la ville où il ne neige que rarement et les dix heures de vol à peine depuis le cœur de l'Asie explique peut être cela.

Le courrier n'est toujours pas arrivé et nous décidons de partir pour la semaine sur l'île de Victoria, à deux heures de ferry pour y attendre en toute tranquillité.

Nous remontons vers le nord en longeant un bras du Pacifique sur l'unique route de l'île. Comme la plupart des îles, Victoria est montagneuse. La forêt exploitée jusqu'à mi-pente est aussitôt replantée et les grumes sont expédiées vers d'immenses scieries. En fait il a fallut arriver en Colombie Britannique pour rencontrer l'industrie du bois. Curieusement les arbres exploités sont assez petits de diamètre et n'excèdent rarement qu'une petite quarantaine de centimètres. Ils seront débités en toutes petites sections qui serviront à la construction de maisons à l'apparence fragile.

Nous traversons de jolis petits villages : Duncan, la ville aux totems, Chemainus, avec ses murs joliment peints. Il y a peu à faire sur l'île en dehors des loisirs aquatiques,  aussi, nous en profitons pour prendre quelques jolis saumons de plus à Campbell river, une fabuleuse rivière dans une jolie petite bourgade. Des dizaines de pêcheurs traquent le poisson pendant qu'un ours fait de même de l'autre côté de la rivière.

         

La région de Vancouver montre son vrai visage. Depuis quelques temps de lourds nuages noirs poussés par le vent du pacifique s'empilent contre les hautes montagnes des rocheuses qu'ils ne peuvent franchir et libèrent leur trop plein sur la région en une pluie fine et glacée.

Une visite rapide dans la belle ville de  Victoria. Nous déambulons sur le port où les natifs vendent un peu d'artisanat.

      

Les colis sont enfin arrivés, un dernier repas ensemble dans le restaurant de Toon, sur Davies street, une des rues les plus animées de Vancouver. Elle  a cuisiné  spécialement pour nous un excellent repas.

Demain, nous passerons aux Etats-Unis.

       

 

 

 

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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