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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Sunday, 09 August 2009

De l'Ontario à l'Alberta, 6000 km

De Montréal à Ottawa, la capitale du pays, il n'y a qu'un pas. Nous le franchissons en longeant le lac des deux Montagnes et  la rivière Outaouais. Une partie de la population aisée de Montréal vit ici, dans de luxueuses maisons, un Palm Beach au Canada.

Nous arrivons dans un Ottawa en travaux, comme beaucoup d'endroits en fait. Les canadiens profitent du court « été » pour réaliser les travaux de voierie. Après avoir tourné en rond un moment, nous nous arrêtons à proximité du marché By, du nom de l'officier anglais de l'époque qui créa le village qui devint capitale. Il est répertorié comme l'un des plus intéressants de la ville. En fait il n'y a pas grand-chose, quelques bancs de camelotes entourent le marché central occupé par des restaurants et cafés.

                 

Ottawa est une belle ville, à taille humaine, cosmopolite, verte et aérée. Sur une colline, dominant la rivière, se dresse le Parlement, bâtiment victorien de style gothique, avec une toiture de couleur verte, due à l'oxyde de cuivre des plaques métalliques qui la constituent, il fut construit entre 1859 et 1865 et reconstruit après un incendie en 1916. Décidément  ça brule beaucoup au Canada ! La tour de la Paix, campanile à beffroi pointu de près de 90 m de haut, abrite la bibliothèque du Parlement. Du sommet,  nous dominons la ville construite sur les bords de la rivière Outaouais. Le Québec est encore là,  face à nous, à une portée de fusil. Ce fut une des raisons qui fit d'Ottawa la capitale, ainsi Québécois et Ontariens furent mis sous un pied d'égalité, ni trop chez l'un, ni trop chez l'autre. A cette époque il fallait ménager les susceptibilités entre « français et anglais »  et ce ne fut donc ni Montréal, ni Toronto.

 

Cet ensemble de bâtiments réunit la Chambre des communes, le Sénat, les ministères et divers services gouvernementaux. La cathédrale-basilique Notre-Dame un peu plus loin fut commencée en 1840 et achevée en 1890. Son autel est entouré de 100 statues de bois sculpté.

La région d'Ottawa, longtemps fréquentée par des chasseurs et des commerçants iroquois et algonquins, fut découverte par l'explorateur français Samuel de Champlain, en 1613. Toutefois, il fallut attendre 1810 pour qu'un comptoir voie le jour sur le site de l'actuelle ville.

Dans les années 1850, le colonel anglais John By fit aménager un système d'écluses et de canaux entre rivières et lacs qui permit d'ouvrir la voie au commerce à l'intérieur des terres.

Nous entamons notre descente vers Toronto avec en point de mire les chutes du Niagara. Le paysage de lacs peu profonds et de marais infesté de moustiques n'est guère captivant et appareil à photos et caméra ne sortiront pas de leur sacoche. De temps à autres, au bénéfice d'une surélévation du terrain nous croisons quelques fermes qui pratiquent la polyculture  et l'élevage.

Bien avant Toronto, nous roulons dans des zones pavillonnaires, immenses labyrinthes aux maisons identiques. Toronto, des vapeurs d'hydrocarbures nous annonce la ville. Au loin, voilée dans les brumes de la pollution la CN Tower  se révèle. C'est un des plus hauts immeubles au monde avec ses 553 mètres.

Le nom « Toronto » provient d'un mot huron qui signifie probablement « point de rencontre ». Le passage de Toronto, comme on l'appelait alors, fut utilisé, dès 1615, comme raccourci entre le lac Ontario et le lac Huron. Bien connu des marchands français, l'emplacement devint le site d'un fort, le fort Rouillé, au milieu du XVIIIe siècle, mais il fut incendié par les Britanniques en 1759. La région fut ensuite occupée par les loyalistes, après la fin de la guerre de l'Indépendance américaine. La ville, fondée en 1793, reçut le nom de York et devint la capitale du Haut-Canada britannique, en 1796 ; elle prit alors son essor en tant que carrefour et centre commercial. En 1813, la commune fut partiellement détruite par les troupes américaines. Toronto, la plus grande ville du Canada est aussi la plus dynamique et la plus industrialisée.

Nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres des chutes lorsqu'un orage violent réduit la visibilité à quelques mètres. Dans ces conditions, autant s'arrêter, demain il fera jour.

Une éclaircie nous décide cependant à effectuer les derniers kilomètres qui nous séparent des chutes. Nous avons de la chance, elles vont être éclairées à la tombée du jour et de plus le lendemain nous ne verrons pratiquement pas le soleil.

Les chutes à elles seules ne valent pas le déplacement au Canada, mais si vous êtes dans l'Ontario, un détour s'impose. Elles font quand même partie du top cinq planétaire. Arrivant du lac Ontario quelques dizaines de kilomètres plus haut, le fleuve Niagara se déverse avec furie et vacarme en deux cataractes d'une cinquantaine de mètres de hauteur dans une faille géologique avant de poursuivre leur chemin quelques kilomètres plus loin vers le lac Erié.

          

Les chutes du Niagara ce n'est pas simplement un beau paysage que vous pourrez admirer des côtés américain ou  canadien qui est préférable car on les voie dans leur intégralité, c'est aussi une énorme machine commerciale qui n'a en fait rien à voir avec un site qui devrait être préservé. Des milliers de personnes s'y pressent chaque jour et des investisseurs ont rapidement compris qu'elles pouvaient générer un immense profit.

La visite des chutes qui peut s'effectuer gratuitement dans de parfaites conditions, c'est assez rare pour être souligné, se décline à toutes les sauces : survol par hélicoptère d'où vous ne devez rien voir, vu la hauteur de l'appareil si ce n'est le brouillard généré par les embruns, en bateau ou en descendant quelques marches histoire de vous mouiller, l'ensemble bien entendu au prix fort. Les rues de Clifton Hill, la colline qui domine le site, sont envahies de manèges vertigineux, de théâtres aux horreurs, de stands forains en tous genres etc. Imaginez le gouffre de Padirac ou Rocamadour au milieu d'un parc d'attractions...

Nous roulons maintenant en direction du Nord pour contourner les grands lacs. Nous devrons attendre de franchir la localité de Barrie à une centaine de kilomètres de Toronto pour commencer à apercevoir le canada que j'imaginais. Villes et  villages ont cédé la place à la forêt parcourue par de jolies rivières et parsemée de petits lacs aux eaux claires. Les petites localités défilent : Sudbury, Sault Ste marie, Wawa, White river... la côte des lacs Huron et supérieur abrite de nombreuses réserves indiennes : Iroquois,  Mohawks...  Les  villages  vivent exclusivement du passage sur la transcanadienne. Les fermes ont disparu du paysage et notre seule vue est la perspective de la route entre les deux murailles de la végétation.

Une apparition d'un autre temps, une calèche tirée par un superbe cheval et conduit par une amish et sa sœur dans leur robe sombre et coiffées d'un large chapeau nous croise. Amish dérive du nom de Jakob Amman,  évêque mennonite suisse, qui fonda la secte en 1693. Il affirmait que la discipline ne pouvait être maintenue au sein de l'Église qu'au prix de l'excommunication, et que les croyants devaient éviter tout contact avec les personnes excommuniées.

Persécutés en Europe, les amish émigrèrent au XVIIIe siècle en Pennsylvanie, puis s'installèrent dans l'Ohio, dans le Middle West et au Canada.

Les amish les plus conservateurs portent des vêtements stricts et unis, caractérisés par l'absence de boutons, ces derniers étant remplacés par des attaches de tissu. Ils se déplacent en voiture à cheval, car l'usage des véhicules à moteur est proscrit.

Thunder Bay mérite bien son nom. La ville nous accueille sous un violent orage ponctué de grondements du tonnerre. Nous venons de quitter la région des grands lacs et pénétrons dans la forêt boréale. Nous allons arriver à Ignace lorsqu'une rencontre espérée depuis longtemps se produit, un ours noir remonte tranquillement les rails de la transcanadienne Pacific.  Il est magnifique avec son pelage brillant, un vrai nounours. Le second, un peu plus loin se régale de jeunes pousses de végétaux sur le bord de la route. Arrêt, photos, il ne bouge pas, sur de sa force et de sa sécurité.

L'entrée dans la région du Manitoba coïncide avec la fin provisoire de la forêt et l'apparition de la riche et gigantesque plaine céréalière de Winnipeg. Nous ne la quitterons plus jusqu'à Edmonton soit près de deux mille kilomètres et trois états plus loin.

         

Ce sont en grande partie des ukrainiens qui ont émigré dans cette région avec dans leur bagage la connaissance de la culture à grande échelle. Au prix d'un dur labeur, ils ont défriché et semé. Ils pratiquent la polyculture de céréales orge, blé, avoine, sorgho et d'oléagineux dans des parcelles dont la plus petite pourrait abriter un aéroport de taille moyenne. De temps à autres, une église orthodoxe au milieu de nulle part nous rappelle leur présence.       

        

         

D'autres cylindres côtoient maintenant les silos à grains, moins hauts mais tout aussi rentables. Les premiers puits de pétrole apparaissent, au milieu d'un champ, d'un pré ou tout contre la maison, de quoi arrondir confortablement les fins de mois. Inlassablement, les pompes  remplissent les cuves que viendront vider les camions pétroliers.

 

Edmonton est maintenant derrière nous, pas grand-chose à dire de cette ville relativement récente, des immeubles insipides, un centre commercial gigantesque qui fut pendant longtemps considéré comme le plus grand d'Amérique du nord et qui englobe un parc aquatique, quelques raffineries de pétrole qui dispersent leurs effluves nauséabondes.

Cela fait maintenant une dizaine de jours que nous enchainons les longues étapes pour passer ces immenses régions sans  intérêt touristique et il nous tarde de mettre un  peu de relief dans notre quotidien. Kachiri ne lève que rarement la tête de ses livres et Mathieu tue le temps sur l'ordinateur, depuis peu il s'est attaqué à la lecture d' Harry Potter. 

Enfin, la campagne commence à changer, les grandes plaines s'estompent doucement et collines et bosquets se partagent le paysage. Les énormes tracteurs n'ont plus leur place dans ce coin.  De grands ranchs font leur apparition, la route s'élève lentement et la Colombie Britannique se profile à l'horizon.

        

 

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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