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Friday, 19 April 2024
Australie 3/4 Queensland et new south wales E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Tuesday, 01 April 2008

Australie :  Queensland et Nouvelle Galles du Sud, du 13 février au 27 mars 2008, 4500 km.

 

Nous roulons dans le Queensland comme si nous trouvions dans les Corbières caillouteuses. La route louvoie et ondule de colline en colline. Fini les grandes lignes droites interminables et la platitude du paysage ou l'œil porte à l'infini.

Mount Isa est la première ville que nous traversons. L'importante localité vit de la mine de cuivre qui occupe tout le sud de l'espace. Tout le monde travaille. On ressent l'effervescence dans chacune de ses rues de ses bureaux. C'est là que nous récupérons pour la deuxième fois notre courrier qui est distribué jusqu'à tard dans la soirée à un guichet, bien que la poste soit fermée depuis longtemps.

A Cloncurry, nous quittons l'axe principal et grimpons vers le Nord. Nous voulons mettre un coup de canne à Karumba, réputée pour ses superbes Baramundis "magnifiques poissons pouvant atteindre deux mètres de long". De part et d'autre de la route d'immenses troupeaux de bovins paissent l'herbe grasse d'un plateau caillouteux et vert à l'ombre des feuillus. Un fermier survole son troupeau dans un petit hélicoptère. A chaque pays ses moyens.

Véritable régal des yeux, des dizaines d'espèces d'oiseaux occupent l'espace : perroquets et perruches de toutes les couleurs, de toutes les tailles, rapaces, lourdes et belles outardes, grues casquées de rouge écarlate, des dizaines de grands lézards ou varans traversent lentement la chaussée . De plus en plus souvent la route se résume à une seule voie étroite. Nous devons nous jeter dans le fossé pour laisser passer les road trains filant à toute allure. Heureusement ils sont de moins en moins nombreux tout comme la circulation qui de réduite en général est pratiquement inexistante. Il nous arrive de rouler plus de deux heures sans croiser le moindre véhicule, sans rencontrer la moindre habitation. Les gros cumulus déversent sporadiquement quelques averses. Toute cette verdure, toute cette fraicheur nous fait le plus grand bien après ces milliers de kilomètres de désert. De plus en plus souvent nous devons franchir des passages à gué.

             

Normanton est une petite bourgade située au fond du golfe de Carpentarie. C'est à partir de là que nous devons rejoindre Karumba à une cinquantaine de kilomètres plus au nord. Un rapide contact avec l'office du tourisme suffit à nous saper le moral. Un trublion s'est invité à la fête : La mousson. Depuis un mois elle sévit dans la région, noyant tout sur son passage. Le passage à gué de la rivière Walker en crue est infranchissable pour plusieurs jours. Nous devons nous résigner et prendre la direction de Cairns. La gentille et prévenante dame de l'office du tourisme, informée de notre projet nous douche une deuxième fois. La route de Cairns est vraisemblablement coupée en plusieurs endroits aussi par d'autres rivières. Nous prenons le temps de photographier le plus grand crocodile marin jamais capturé dans le monde, dont la réplique à l'échelle réelle est exposée dans un parc : huit mètres soixante trois. La prise eut lieu dans les environs de Normanton en 1957, elle est l'œuvre d'un petit bout de femme et de son gros fusil. Les crocodiles en cette période de l'année sont partout nous dit-on. On peut les rencontrer à quelques mètres des maisons. Ils sortent des rivières pour se nourrir de chiens, dingos ou vaches.

                    

Nous constatons rapidement que le niveau de l'eau monte. Les fossés sont pleins, l'eau affleure la route. A Croydon, suivant les conseils avisés de la dame, nous contactons le policier de service qui nous informe que la route est coupée soixante kilomètres plus loin. Nous roulons encore un moment et nous nous arrêtons pour la nuit. A quoi bon. Au petit matin nous repartons doucement vers la rivière Guilbert. Une voiture est arrêtée au milieu de la chaussée. Nous l'imitons et bientôt deux autres véhicules nous rejoignent. Généralement petit ru tranquille, le ruisseau est largement sorti de son lit. Nous traversons à pied. L'eau monte au genou et le courant est fort. Nous devons attendre. Des petits cailloux placés par les premiers arrivants montrent que la décrue est amorcée.

             

Le policier rencontré la veille arrive. Nous prenons le temps de discuter. Ils sont deux en poste à Croydon pour surveiller une zone de quarante quatre mille kilomètres carrés : cinq ou six de nos départements et seulement trois cent quatre vingt neuf habitants. A Georgetown, plus loin sur la route le policier est seul, bien que la circonscription soit plus grande, mais à Croydon nous dit-il, les hommes sont rudes et bien souvent après le travail et quelques bières, ils font le coup de poing. C'est un anglais de Bath qui aime le rugby et s'est installé dans la région après avoir épousé une australienne. Il aime le coin. Nous parlons rugby et élevage. La plus grande des fermes de sa zone occupe un million d'hectares et abrite vingt mille têtes de bétail et cinq mille chevaux sauvages. Ils sont obligés de temps en temps d'organiser des séances d'abattage par hélicoptère. Les fermiers et leurs familles vivent reclus pendant les trois ou quatre mois que dure la mousson. L'école se fait par radio et internet et s'il y a un gros souci, ils envoient un hélicoptère car toutes les pistes sont coupées.

Nous avons fait la connaissance de nos voisins d'infortune. Ils sont de Cairns. Deux d'entre eux reviennent d'une semaine de pêche à Karumba. Le troisième de retour d'Adélaïde est passé par là pour éviter les inondations sur la côte. Mauvaise pioche ! Les derniers : frère et sœur tentent de passer depuis deux jours.

Dans la soirée nous franchissons le premier gué sans trop de difficultés. Le frère et sa sœur préfèrent faire demi-tour une troisième fois. Leur petit véhicule de tourisme est trop bas. Trois cents mètres plus loin, de l'autre côté de la colline, ce coup-ci c'est plus sérieux. La rivière est haute, trop haute. Trois cent mètres de large et plus d'un mètre d'eau sur la route. Nous distinguons à peine la jauge de hauteur. Il faut se résigner et s'installer pour la nuit. Toutes les heures nous allons voir le niveau qui baisse lentement. Nos voisins qui se sont regroupés ont abattu un arbuste d'un coup de tronçonneuse et allumé un grand feu dans lequel ils font cuire à même la boite, cassoulet et spaghettis en conserve. La même boite calcinée leur servira de tasse à café qu'ils préparent avec l'eau boueuse de la rivière. De véritables cowboys !

A deux heures du matin l'un deux vient frapper au camping car : "Man, faut passer maintenant" Un camion arrivé dans la soirée a traversé et les deux pêcheurs également dans leur 4x4. Lui attend car il trouve que le niveau est trop haut pour sa petite berline. Je démarre le camping car et m'approche de la rivière. Je roule sur les mètres cubes de débris déposé par la crue. Dans mes phares le courant est encore impressionnant et les deux cents mètres d'eau restante m'effraient. Je m'avance prudemment et je stoppe : la trouille ! Nous sommes à peine engagés et l'eau arrive au marche pied. Prudente marche arrière sur les débris et retour sur la terre ferme.

Je m'avance penaud vers le cowboy: "Hey man, you must go through. It's easy!" (Hé mon gars tu dois passer, c'est facile). Pour me prouver ses dires et bien qu'il voulait attendre cinq minutes plus tôt, il me double s'engage dans l'eau et petit à petit, dans la lueur de nos phares, nous le suivons des yeux et le voyons s'enfoncer vers la rive opposée. L'eau dépasse largement le bas des portières. Cinq minutes plus tard, interminables, il atteint la rive. Ouf ! Son exploit m'a rassuré et nous l'imitons dans un silence d'outre tombe. Le bruit le l'eau contre la carrosserie est impressionnant. Le camping car se comporte dignement et nous arrivons plus facilement que je ne l'aurais cru de l'autre côté. Le cowboy nous attend : "j'ai calé au milieu nous dit il. J'ai eu la trouille".

La troisième difficulté et de loin la pire que nous devons affronter pour relier Cairns a pour nom Heidelberg river, la même qui coupait la route de Karumba. La vallée est noyée de plus de deux mètres d'eau sur prés d'un kilomètre de large. Nous retrouvons une nouvelle fois nos compagnons d'infortune et nous installons pour une longue attente qui durera trois jours, jusqu'à ce que le niveau baisse suffisamment. Nous scrutons le ciel chargé de nuages en croisant les doigts.

Ce coup-ci, rassurés par les capacités de franchissement du camping-car, nous n'attendons pas. Lorsque le premier camion traverse, nous lui emboitons le pas et au ralenti nous parcourons les quelques cinq cents mètres avec de l'eau jusqu'à la portière.

            

Pour atteindre la barrière de corail, nous devons franchir la cordillère australienne et grimpons rapidement jusqu'à mille deux cents mètres d'altitude. Nous croisons de petits chalets de montagne entourés de grasses prairies où pâturent de beaux troupeaux dans les brumes d'un orage passé. Quelques éoliennes tournent lentement. Un peu plus loin, nous traversons de grandes plantations de manguiers et en profitons pour acheter un plateau de ces superbes et délicieux fruits sur le bord de la route. Nous payons dans la boite d'honnêteté. Ici les agriculteurs n'attendent pas le chaland. Ils installent leurs fruits sur le bord de la route avec le prix indiqué sur un carton et chacun met l'argent correspondant à ses achats dans la boite.

Avant d'entreprendre la descente vers Cairns nous jetons un regard sur les impressionnantes chutes de la rivière Barron gonflée par les pluies de mousson.

La barrière de corail, autant le dire tout de suite nous déçoit pour plusieurs raisons. Nous nous attendions à quelques belles plages, des eaux turquoise et une faune marine importante que l'on pourrait admirer à l'aide d'un masque depuis la côte, un peu comme en Polynésie. Ici rien de tout cela.

            

Comme son nom le laisse supposer, il s'agit d'un paysage sous-marin mais qui se situe entre cinq et trente kilomètres de la côte. Pour s'y rendre, il faut louer les services d'une agence qui facture au prix fort la balade dans des embarcations à fond de verre. De plus en cette période de l'année la plongée, tout comme la baignade est interdite. De minuscules méduses, pas plus grosses que l'ongle du pouce et pourvus de longs filaments de plusieurs mètres de long et dont le seul contact peut vous envoyer au paradis ou en enfer selon votre passé terrestre, pullulent dans ces eaux de novembre....à mai. Si cela ne suffit pas à vous convaincre, peut être que les crocodiles marins également présents et leurs longues dents effilées y parviendront-ils. Des panneaux d'interdiction sont présents à chaque accès à la côte. Il en va de même pour les estuaires et rivières que remontent méduses et sauriens. Aucun doute possible sur la véracité de ces mises en garde. Personne sur les plages, personne dans l'eau. Une balade dans Cairns nous révèle la tristesse de la situation. Une immense piscine en bord de mer est envahie par la jeunesse "Cairnaise". Les parcs sont pris d'assaut pour la bronzette.

             

Inutile de s'attarder, nous mettons cap au sud. Si les routes ne posaient pas problème jusqu'alors, à part pendant les inondations, il n'en va plus de même. Nous avançons maintenant sur une route sinueuse guère plus large qu'une de nos départementales et souvent en mauvais état, largement en deçà de ce qu'elle devrait être pour absorber l'importante circulation. Quatre vingt dix pour cent des vingt et un millions d'habitants que compte le pays sont installés sur la côté entre Cairns et Adélaïde et bien évidement la circulation s'en ressent. Je me croirais revenu par moments aux plus mauvaises heures de la nationale 20, lorsqu'il fallait douze heures pour relier Paris depuis Brive. De longues files de voitures et de camions se suivent guettant les rares et courts créneaux de dépassement pour foncer...jusqu'à une nouvelle file. Pendant prés de mille kilomètres nous roulons entre les deux murs de verdure des champs de cannes à sucre. Nous croisons de nombreuses voies ferrées qui permettent aux trains de venir charger la canne directement à la ferme. Le paysage est vite tristounet. Les camions qui ici, ne sont pas limités mécaniquement en vitesse me pressent. Ils me suivent à plus de quatre vingt dix kilomètres par heure, le nez de leur gros Kenworth à deux ou trois mètres. J'entends le ronflement excité de petits coups d'accélérateurs de leurs puissantes turbines comme un avertissement à dégager la route. Lorsque faute de place je les fais attendre un peu trop, il arrive qu'un de leurs conducteurs me fasse savoir son mécontentement en me "serrant" lors du dépassement. Je lui réponds d'un doigt vengeur qu'il ne voit probablement pas. C'est dans ce climat d'allégresse que nous atteignons Brisbane où nous devrons embarquer le camping car vers l'Amérique. Nous marquons une pause pour rencontrer Holly. C'est elle qui s'occupe du dossier. Pour le moment aucune nouvelle du bateau. Nous sommes encore à trois semaines du départ. Nous continuons vers Sydney.

Au sud de Brisbane, à part la route, les choses s'arrangent considérablement. Nous roulons toujours, coincés entre la cordillère australienne et la mer. Nos sondages vers la côte pour les bivouacs nous conduisent vers de belles plages de sable blanc ou à l'intérieur de parcs nationaux où l'on côtois kangourous, émeus, varans et toute une variété d'oiseaux tellement habitués à l'homme, qu'ils s'approchent de nous à pouvoir les toucher. Magnifique ! Cerise sur le gâteau, les méduses et crocodiles ne sont pas admis sous cette latitude.

              

              

A Coolangatta, nous admirons la dextérité des surfeurs qui frôlent les rochers pour exploiter à fond les puissants rouleaux. Quelques plaques commémoratives nous rappellent que tous n'y parviennent pas. Nous ratons de cinq jours une épreuve du championnat du monde. Dommage !

Nous rentrons dans Sydney un dimanche pour éviter la grosse circulation. Généralement je n'aime pas les grandes villes où il est difficile de rouler, de se garer, de s'orienter, surtout ici, en Australie où j'ai l'impression que les têtes pensantes du pays ont pris le dicton "pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple" à l'envers.

Depuis le pont enjambant la baie de Jackson nous avons une vue magnifique sur l'opéra de Sydney que l'architecte Danois Jorn Utzon a dessiné, voulant reproduire l'impression d'un immense voilier toutes voiles déployées.

             

Nous sommes à la St Patrick. Des groupes de jeunes le crane à moitié rasé, déambulent dans les rues à peine éméchés à cette heure matinale, arborant les couleurs irlandaises en célébrant leur saint, l'apôtre d'Irlande qui aurait utilisé, pour symboliser la Trinité, un trèfle, plante qui est maintenant le symbole national irlandais. La bière coule à flots dans les tavernes et en haut des rues patientent des véhicules de la croix rouge qui traiteront les cas d'ivrognerie les plus sérieux

    

Le temps passe vite et il est temps de remonter vers Brisbane. Le terme de nos visas approche. Dernière réception de courrier, dernier nettoyage du camping car et nous le remettons à Holly apres une visite eclair de cette ville commercante, pas la plus belle du pays.  Il quittera Brisbane le cinq avril pour Long Beach au sud de Los Angeles. Nous devons le retrouver le quinze mai pour la suite du voyage à trois.

            

Nous nous envolons le soir même pour Bangkok d'où partira Kachiri vers la France dans quelques jours pour ses partiels de première année. Nous la retrouverons le temps d'une pause au pays en août.

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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