Friday, 29 March 2024
la grande course E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Wednesday, 09 January 2008
Sud-est asiatique : La grande course  : du 26 décembre 2007 au 3 janvier 2008 : 3000 kilomètres

Tout avait pourtant bien commencé.

Un bateau était prévu pour transférer le camping car vers l'Australie le 19 janvier et les moissons de riz s'étaient terminées dans la joie d'une récolte exceptionnelle. Les Thaïlandais  avaient célébré joyeusement l'évènement lors du « Loï Ka Thon » sorte de fête païenne nationale dans laquelle ils remercient les éléments et plus particulièrement l'eau d'être tombée en abondance et d'avoir permis une belle récolte. C'est aussi l'occasion de joutes nautiques, de concours de compositions florales inter-villages et le moment d'envoyer sur les flots une petite embarcation matée d'une bougie portant dans ses entrailles un vœu et une piécette.

      

Nous avions  passé les fêtes de noël au village  dans le calme d'une journée ordinaire et devions passer le nouvel an avec la famille à Bangkok et puis un grain de sable est tombé, enrayant la belle mécanique.

Le bateau du 19 n'était pas en mesure de transporter le camping car et aucun navire n'était en vue avant mars ou avril.

Vingt six décembre, nous faisons quand même nos adieux au village. Les amis et voisins sont venus nombreux. Une grande émotion règne après presque un an de vie commune. Je tourne la clef de contact et le départ a sonné. Rapide arrêt à Surin à une centaine de kilomètres de là pour dire au revoir aux sœurs de Masya et nous roulons vers Bangkok.

Vingt sept décembre au soir je prends connaissance de mon courrier. Message de mon transitaire : curieux ! J'ouvre, deux lignes : « Le bateau du 2 janvier peut effectuer le transport. Pouvez-vous être là ? » Après plus rien en vue avant longtemps !

Concertation rapide et la décision est unanime, d'autant plus que mes dizaines de contacts vers Singapour sont restés sans réponse : Nous partons !

Vingt huit décembre : shopping ultra rapide dans les rues grouillantes de Patou nam au pied de la tour Baiyoc, 349 mètres de haut, la plus haute du pays qui a nécessité un soubassement de 59 mètres en cette zone humide. Ne pas oublier que la ville est construite sur un marais et qu'elle s'enfonce, certes lentement, mais régulièrement.

Vingt neuf décembre : Nous terminons nos achats et à midi nous disons au revoir à la famille. Je roule rapidement vers le Sud. Nous ne voulons pas quitter la Thaïlande sans montrer à Kachiri là où elle est née et où elle a vécu. Il est quatre heures du matin lorsque je stoppe le camping car à l'entrée de Phuket.

Trente décembre : Tour de la ville, nous lui montrons la maternité où elle est née et prenons la direction de Katu où nous avions fait construire notre maison. Nous la retrouvons pareille que quand on l'a quittée. Malheureusement les nouveaux propriétaires ne sont pas là   et nous ne pouvons pas entrés. J'aurais aimé revoir le jardin et les arbres que j'avais planté et notamment l'albizzia que nous avions déniché sur la route de l'aéroport avec Frédo. Dix sept années sont passées depuis lors. Terrible et inexorable défilé du temps !

                

Nous ne nous attardons pas et filons en direction de Patong Beach. Ce fut une des plus belles si ce n'est la plus belle plage de l'île.

Horreur !!! Les promoteurs l'ont transformée en une immense usine à viande bétonnée. Où sont passés les petits bungalows d'antan et les petits bars de bambous où il faisait bon passer quelques heures en baragouinant avec le thaï de service ? Nous ne faisons aucune photo et filons en direction de Kamala et Surin Beach. Terrible et édifiant constat également. Les deux plages désertes alors, sont-elles aussi ravagées par les bétonneurs en tout genre.

Direction la sortie de l'île sans regret mais avec un gros pincement de cœur. Comment peut-on en arriver là ? Nous restons avec nos souvenirs.

                

La route défile sous les roues du camping-car en direction de la frontière avec la Malaisie.

Boum !!! Énorme bruit à l'arrière. Je m'arrête rapidement car je ne connais que trop bien le problème. Un pneumatique a explosé. Le cinquième en moins de deux mille kilomètres. Ce coup-ci, il a endommagé la marche arrière de la cellule et le véhicule est plein de poussière de fibre de verre. A ce sujet j'aurais trois mots à dire des pneus d'origine de marque Hankook : de la ..... !  Ils ne sont qu'a moitié de l'usure et explosent comme des ballons de baudruche. A chaque fois je retrouve la bande de roulement déployée sur toute sa longueur et  intacte sur la route. Heureusement le véhicule est très stable et conserve sa trajectoire sans sourciller. Arrivés en Australie, je les change tous, même celui de la roue de secours pourtant neuf. Je n'ai plus aucune confiance et il n'en reste plus que deux. Les sept valves équipant ces pneumatiques s'étaient coupées sans raison apparentes entre la Turquie et l'Inde. Etait ce un signe ?

En Asie du sud-est,  il est impossible de trouver de taille identique et il me faudra attendre l'Australie. Je répare, aidé des Thaïs venus à mon secours et nous repartons sans roue de secours. Il est trop tard lorsque nous arrivons à la frontière qui est fermée. Il faut attendre le lendemain six heures. On se gare et on dort. Je suis crevé.

31 décembre : Nous roulons maintenant sur la belle autoroute trans-Malaisienne en direction de Singapour à faible allure. Sur six pneumatiques, trois tailles différentes sont montées certaines sous dimensionnées. Nous arrivons à cent  kilomètres de Kuala Lumpur lorsque  le sixième pneu explose à son tour, ce coup-ci sans occasionner de dégâts. Je n'ai plus de roue de secours et je continue au ralenti sur une roue sur près de dix kilomètres pour trouver un garage. En Malaisie non plus la taille n'est pas disponible aussi nous montons deux pneumatiques de taille ultra basse. Les seuls disponibles. Le camping car penche un peu lorsque nous repartons. Il nous reste cinq cents kilomètres à parcourir et je sais déjà que nous serons en retard à notre rendez vous que je reporte au lendemain.

Premier janvier 08 : Meilleurs vœux à vous tous, qui en ce moment me lisez.

La malchance nous a oubliés pendant les derniers kilomètres et nous arrivons  enfin à la frontière avec Singapour. Nous avons feinté le réveillon. Ce sera pour une autre fois.  

Surprise des douaniers ! Quel est ce véhicule ? Nous expliquons, faisons visiter et ils tamponnent le carnet de passage en douanes. Le transporteur m'attend de l'autre côté. Pour info, les conducteurs de véhicule qui comme nous, ont la conduite à gauche, ne sont pas autorisés à circuler dans Singapour. Après deux heures de discussions, de coups de téléphone avec des policiers et douaniers supers sympas, nous sortons de la frontière et je laisse le camping car aux mains du transporteur qui s'aperçoit rapidement qu'il ne peut pas le lever avec sa grosse dépanneuse sans l'endommager. Ca ne fait rien, il est plein de ressources. Il appelle son chauffeur et déroule un câble qu'il accroche à l'anneau de remorquage. Il palabre cinq minutes avec le policier présent, me fait un clin d'œil et me demande de les suivre au volant de sa Mercédès kompressor dernier modèle flambant neuf et automatique. Son portefeuille, son téléphone traine sur le siège avant gauche. Son café pend, fumant,  accroché au volant dans une petite poche plastique à la mode asiatique. La confiance règne ! Franchi le premier virage et hors de vue du policier. Ils s'arrêtent décroche le câble pour ne pas endommager le camping car et repartent en se suivant pour donner l'illusion du remorquage.  C'est ainsi que nous traversons les quelques quinze kilomètres qui nous sépare du port.

Nous prenons une bonne trentaine de minutes pour isoler solidement la cellule du poste de conduite car le vol est monnaie courante sur les bateaux tel que celui qui va nous transporter : Un car carrier ou transporteur de véhicule. Nous devons remettre les clés à l'équipage  qui sous payé, complète ses fins de mois comme il peut. J'ai prévu deux panneaux de contre-plaqué boulonnés et cadenassés ainsi qu'un filet que j'ai réalisé avec de la chaine et que j'ai cadenassé après avoir remplacé quelques vis par des pitons à anneaux. Nous croisons les doigts et espérons que cela suffira. Nous devons signer une attestation de non poursuite contre la compagnie en cas de dommages ou « pertes ». Mignon non ?

Francis s'est fait pillé son camping car pendant le voyage de Bangkok en Belgique.

Singapour

Nous avons remis le camping car au transitaire, un jeune homme hyper serviable et hyper gentil que je recommanderai sans hésiter dans la page pratique. Nous payons le transport et il nous guide jusqu'au métro, nous cherche un hôtel, nous prend les tickets et nous explique consciencieusement comment il fonctionne, où nous devons nous arrêter. Bref, une mère poule qui nous appelle régulièrement pour savoir si tout va bien.

A ce sujet je dois préciser qu'à partir du moment où vous arriver à détourner leur attention du clavier de leur portable ou de leur Play station, les Singapouriens   sont les personnes les plus prévenantes et serviables qui soient.

Hyper propre, hyper automatisée. Ici les ascenseurs, les cars, le métro et les portes vous parlent.  Tels pourrait être les qualificatifs pour décrire cette grande ville multi raciale où se côtoient chinois, indiens, malais, indonésien, japonais, européens. Tendez l'oreille et vous entendrez trois ou quatre langues différentes comme nous explique cette charmante vendeuse d'accessoires de téléphonie qui parle pas moins de cinq langues asiatiques plus l'anglais. C'est nécessaire pour le business, vous comprenez ? On comprend.

Nous déambulons dans Chinatown. Nous sommes à des années lumières du Chinatown de Bangkok, grouillant, aux ruelles surchargées dans lesquelles on doit se faufiler entre les étalages de poissons séchés, les épices, les outils et des milliers d'autres choses, poursuivit par des odeurs pas toujours agréables. Ici Chinatown est  aseptisée et rangée. Les trottoirs ne sont pas encombrés et les odeurs sont absentes à part peut être celle qui nous attire à l'intérieur d'un restaurant où nous dégustons un super poulet laqué.

       

Si vous voulez de l'ambiance, des odeurs,  de la crasse et encore..., une seule adresse : Little India. On s'y croirait presque. Les épices, les tissus, les gestes de tête, les papiers souillés qui jonchent les trottoirs, les gens qui crachent discrètement.

                     

Attention à Singapour : Interdit de cracher, de mâcher du chewing-gum (interdit à l'importation), de jeter des mégots ou des papiers, de manger ou de boire dans le métro (MRT) sous peine d'amendes allant jusqu'à 5000 S $ (2500 €). Ceci explique cela. Ah j'oubliais, les antennes satellites sont également interdites. Il est quelquefois plus rapide d'énumérer ce qui est autorisé.

Même pour réserver l'avion nous traitons avec une machine : l'ordinateur connecté à internet depuis la chambre de l'hôtel. Une heure à renseigner des cases pour qu'au moment du paiement, la machine vous annonce : Sorry, nous n'acceptons pas les cartes de crédit extérieur à Singapour. Heureusement c'est mon portable et je ne le piétine pas.

Il est quinze heures trente le trois janvier, lorsque je j'appuie sur la dernière touche de l'ordinateur de l'aéroport qui conclut ma location à Perth. Le dernier appel pour l'embarquement à retentit depuis cinq minutes. Nous pouvons partir vers un nouveau continent.

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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