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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Monday, 30 April 2007

Cambodge : du 6 au 28 avril 2007,  2000 kilomètres

Aranyaprathet,  nous remontons la longue file d'attente des centaines de Thaï qui attendent pour franchir l'immigration et pénétrer dans le no man's land qui sépare la Thaïlande du Cambodge pour assouvir leur passion, je veux dire les jeux de hasard. Pas moins de cinq casinos hôtels sont implantés là, sur quelques milliers de mètres carrés.

Très vite nous roulons sur le territoire cambodgien, le royaume du superlatif et du paradoxe : Le plus pauvre des pays du sud est asiatique, mais également le plus sale et le plus cher et malheureusement le moins accueillant. La Thaïlande toute proche est à des années lumières. Au Cambodge seul compte l'argent, c'est du moins l'impression que l'on a très vite.

Ce petit pays a malheureusement subit deux terribles fléaux dans ces quarante dernières années, le premier dû à la folie de milliers d'hommes, les khmers rouges,  menés par le diabolique Pol Pot qui ont écimé le pays et le deuxième beaucoup plus insidieux dû à la venue de l'Onu qui a noyé le pays sous les dollars donnant aux cambodgiens un goût immodéré pour cette monnaie au détriment du Riel et entrainant du même coup une inflation galopante. Beaucoup de prix sont comparables à ceux de la France dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas cent dollars. Dans ce contexte particulier, les maîtres de guerre d'hier réconciliés aujourd'hui continuent à se partager les richesses du pays et les pauvres perdent chaque jour le peu qu'il leur reste. Il est très facile d'emprunter de l'argent pourvu que l'on possède un bien immobilier. Le principe est simple : l'emprunteur remet au préteur son titre de propriété et part aussitôt avec l'argent. Pendant un an il devra payer chaque jour  les intérêts exorbitants d'un taux de 4% mensuel et à la fin de l'année il devra rembourser la somme empruntée. Si le contrat moral n'est pas rempli, l'emprunteur perd son bien et quitte  séance tenante sa maison. Ainsi chaque jour beaucoup de familles se retrouvent à la rue et viennent grossir le flot des laissés pour compte.

Nous roulons sur la piste défoncée en direction de Sisophon. Nous croisons de petits villages misérables drapés de la poussière de la circulation. L'assainissement, l'adduction d'eau potable ou simplement courante pas plus que l'électricité n'existe  en dehors des centres touristiques et de quelques grandes villes.

Les tuyaux d'aspiration plongent dans les marigots du bord de piste ou pataugent canards et cochons et ou flottent poubelles et détritus de toutes sortes pour y puiser ce qui reste d'eau croupie et nauséabonde. Dans de telles conditions il faut proscrire l'alimentation du bord de route sous peine de graves problèmes intestinaux. Les moins pauvres possèdent un puits.

Après Sisophon nous retrouvons une route asphaltée jusqu'à Battambang où nous retrouvons Khamsy et sa famille. Nous allons fêter ensemble le nouvel an asiatique.

Monsieur Souaï, un cousin de la famille nous conduit à Kamping Pouiy, il veut nous montrer un lac d'irrigation de la région de Battambang. Le lac a été creusé par les habitants sous le régime de Pol Pot. Il nous explique que des milliers de personnes ont été assassinées en ce lieu et ensevelies sous le béton. Chaque pile du pont renferme un couple, noyé vivant « les gardiens du pont ». Il a faillit faire partie du lot, mais faute de place il a été renvoyé travailler aux champs. Des grottes un peu plus loin faisaient office de  dépôts à cadavres.

             

En raison de l'extrême mauvais état de la piste, nous louons un taxi camionnette pour nous rendre à Siem Reap à cent quatre vingt kilomètres de Battambang pour visiter le site d'Angkor. L'expédition nous prend trois jours, un pour l'aller, un pour la visite et le dernier pour le retour. Le conducteur ne veut pas rouler de nuit en raison de la dangerosité de la piste et de la criminalité importante  qui forcent les honnêtes gens à ne pas sortir après la tombée de la nuit.

  

Angkor vat, le site est merveilleux,  monumental et archéologique, capitale des rois khmers du Cambodge du IXe au XVe siècle. Ses ruines sont l'un des plus grands ensembles architecturaux du monde. Angkor fut fondé au début du IXe siècle sous le nom de Yasodharapura par le roi Yasovarman Ier. La cité primitive fut construite autour de Phnom Bakheng, un temple bâti vers 907 sur une colline qui symbolisait la montagne se trouvant au centre du monde d'après la cosmologie hindouiste. Les rois successifs agrandirent la ville et construisirent d'autres temples voués à diverses divinités hindouistes ainsi que de grands réservoirs servant à irriguer et matérialisant l'océan qui entoure la montagne sacrée centrale. Le principal ensemble de temples d'Angkor est Angkor Vat (« la ville-temple »), édifié sous le roi Suryavarman II pour honorer le roi en tant qu'incarnation du dieu Vishnou. Angkor Vat est un immense rectangle  constitué de plusieurs cours emboîtées les unes dans les autres et bordées de murs, entourant un massif central sculpté garni de cinq gracieuses tours en forme de lotus. Ses galeries sont décorées de sculptures figurant des légendes se rapportant à Vishnou. Le roi Jayavarman VII  fit élever le complexe d'Angkor Thom, au centre duquel se trouve le Bayon, un temple bouddhique orné d'énormes têtes en pierre représentant le roi.   

Au XIIIe siècle, Angkor couvrait environ 100 km2 et était l'une des plus grandes villes du monde, mais son déclin commença peu après. Menacés par les attaques de leurs voisins thaïs, les Cambodgiens abandonnèrent Angkor vers 1430 et déplacèrent leur capitale vers un site plus sûr, au sud. Angkor Vat demeura quelques temps un centre de pèlerinage bouddhique, mais le reste de la ville fut recouvert par la jungle. Les archéologues français la redécouvrirent et révélèrent son existence au monde en 1860. L'École française d'Extrême-Orient entama des fouilles et des restaurations à partir de 1898. Le site fut abandonné à partir de 1972 avec l'arrivée des Khmers rouges et subit les détériorations de la nature et les déprédations des pillards.

           

                                           

Bayon, imposant temple du bouddhisme Mahayana édifié par un des plus grands souverains de l'empire khmer, Jayavarman VII, au centre de sa capitale AngkorThom (Cambodge).
Son plan complexe présente deux enceintes rectangulaires concentriques, à galeries, entourant une haute terrasse au centre de laquelle s'élève à près de 45 m une tour-sanctuaire circulaire, cernée de chapelles. Le sanctuaire abritait une statue du Bouddha méditant sur le serpent Muchilinda.
Une cinquantaine de chapelles et de templions, surmontés d'une haute tour, ponctuent l'ensemble. Insolite, nouveau et unique, le sommet sculpté des tours s'anime de quatre visages colossaux identiques, orientés selon les points cardinaux, aux yeux clos, au sourire bienveillant et méditatif. Énigmatiques, ces visages pourraient représenter le bodhisattva Avalokiteshvara à la compassion rayonnante, le dieu créateur hindou Brahma à quatre têtes ou le roi protecteur.
Épisodes du règne, scènes de bataille, de la vie quotidienne et de cour sont illustrés sur les murs des galeries en bas-reliefs vivants et fourmillant de détails.
Nous terminons par  la visite du Vat Pa Prom. La jungle à réalisé des dégâts considérables sur l'édifice et en même temps lui confère une beauté particulière. D'immenses arbres épousent les murs ou les surplombent avec  grâce et élégance.

   

Nous pourrions continuer ainsi pendant plusieurs jours tant le site d'Angkor est gigantesque. Il n'abrite pas moins de vingt temples. La fatigue et la chaleur accablante nous font renoncer. Mon pied accidenté montre ses limites.

Nous nous reposons maintenant à Battambang. Les enfants préparent le nouvel an et font provision de talc et d'eau. Les guirlandes illuminent les balcons et  les décibels musicales se répandent dans les rues.

                         

Le jour venu, les enfants guettent les passants dans la rue et les saupoudrent de talc avant de les arroser copieusement comme le veut la tradition et cela dans la bonne humeur. Pour nous, c'est le moment de faire la fête.                                                  

                                          

Le temps est venu de reprendre la route, direction Phnom Penh où nous faisons faire nos visas pour le Vietnam et le Laos sans nous attarder. Il n'y a pas grand-chose à voir en dehors du palais royal et du musée du génocide.


Nous allons passer nos derniers jours au bord de la mer, à Sihanouk ville (Kampong Som). Depuis midi, nos camping-cars ont trouvé un copain. Celestino et Brigitte, un couple de retraités Italo-Suisse visitent le sud est asiatique en camping-car depuis trois mois. Ils ont débarqué à Singapour depuis l'Allemagne. Nous passons deux jours ensemble, puis ils remontent vers la Thaïlande

         

La plage de sable blanc est belle, mais comme le reste du pays, d'une saleté repoussante. Des milliers de poches plastique et autres détritus jonchent le sol. Nous déblayons une petite place pour nous installer. 
Monsieur Souaï et son épouse nous ont suivis. A quarante ans ils n'ont jamais vu la mer. Leur joie d'enfant fait plaisir à voir. Ils passent leur temps à ramasser les coquillages pour les montrer au pays et remplissent deux bouteilles d'eau de mer pour la faire gouter.. C'est notre seule satisfaction. Sihanouk ville n'a rien d'extraordinaire tout comme la majeure partie du pays et sans eux, nous aurions hissé les voiles.

   

Après une première tentative avortée pour passer au Vietnam, nous allons tenter notre chance beaucoup plus au nord, au Laos. Nous remontons le long du Mékong dans ce qui est sans conteste la plus belle partie du Cambodge. Les forêts d'hévéas, alternent avec les plantations d'arbres fruitiers et de poivriers. Nous croisons de nombreux petits villages de huttes aux toits de palmes. Les gens assis sur les marches prennent l'air en discutant et regardent passer les rares véhicules remontant vers le nord sur une route toute neuve reliant Kampong-cham à Deun Khan à la frontière Laotienne. Bientôt avec l'arrivée des pluies il faudra travailler aux rizieres.

              

A Stung treng, la route s'arrête. Le pont sur le Tonlé srépok est en cours d'achevement. Nous embarquons les deux camping-cars Sur une barge que pousse un petit remorqueur vers l'autre rive. Encore une heure et nous arriverons au Laos.

        
  

  

 

Dernière mise à jour ( Sunday, 11 December 2011 )
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