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Tuesday, 16 April 2024
Inde 3/3 E-mail Imprimer
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MauvaisBon 
Ecrit par FADM  
Sunday, 14 January 2007

Inde : Troisième partie du 5 décembre 2006 au 01 janvier 2007, 2000 kilomètres.

Ce troisième volet conclut notre périple de prés de 4500 kilomètres dans cet immense pays qui émerveille par la beauté de certains paysages et monuments, énerve et exaspère par le manque de retenue de la plupart de ses habitants, terrorise par le côté suicidaire de la circulation. Nous y avons fait la rencontre de gens charmants qui nous ont accueillis de la meilleure manière qui soit.

En aucun cas l'Inde ne peut laisser indifférent.

Nous n'avons pas quitté notre havre de paix du petit village de Vagator depuis plus d'une demi-heure que déjà nous commençons à le regretter. Fini la tranquillité, le farniente ; nous revoilà plongés dans la mêlée, direction le Kerala.

Nous longeons la côte sans jamais la voir sur la première centaine de kilomètres au milieu d'un cortège de camions venant charger au port de Karwar ou en route vers Mangalore. C'est l'enfer. Dans chaque traversée de village nous sommes bloqués et l'attente est quelquefois longue. Nous quittons cet axe pour un cap plein Est direction Jog falls.

La route étroite serpente et s'élève rapidement dans la jungle. Nous ne tardons pas à apercevoir les premiers singes. Un calme absolu règne, nous sommes pratiquement seuls.

Jog Falls, une faille de plusieurs centaines de mètres de profondeur dans laquelle la rivière se déverse. Il aurait fallu le voir quelques semaines plus tôt, quand les pluies de mousson avaient grossi la rivière. On se l'imagine, impressionnante cataracte.

               

Nous roulons maintenant vers Shimoga sur un plateau d'altitude riche de cultures de riz, de plantations de cocotiers, de bananiers de d'aréquiers, de forêts de tecks ou d'eucalyptus. Nous traversons de petits villages paisibles et propres. La température a chuté de plusieurs degrés et une relative fraicheur a envahi les véhicules. Pour un peu on ne se croirait plus en Inde tellement le changement est stupéfiant. Pour nombre d'entre nous, ce sont les plus beaux paysages que nous avons croisés dans le pays. Les gens doivent bien vivre ici.

Dans la banlieue de Shimoga où nous passons la nuit, nous avons la chance de rencontrer un vieil homme qui circule avec une voiture au GPL. C'est excessivement rare passé New Delhi. Notre dernière bouteille de gaz est pratiquement vide. Il nous invite à le suivre chez lui avec nos deux bouteilles vides. Il sort de son garage une petite pompe, genre pompe à eau bricolée qu'il pose sur le trottoir. Un rickshaw s'arrête, pose deux bouteilles de propane pleines et l'opération de transvasement commence. Ahurissant ! Si René (mon ancien chef à l'époque où j'ai travaillé dans le gaz) était là, il se serait arraché les derniers cheveux. Ça marche, c'est l'essentiel. Nous repartons trente minutes plus tard avec nos deux bouteilles pleines.

Nous nous enfonçons maintenant dans le pays et comme chaque fois que nous quittons les grands axes, nous nous retrouvons très vite sur une mauvaise piste et notre attention est détournée des paysages pourtant superbes pour éviter trous et ornières.

Quatre jours ont été nécessaires pour rejoindre Mysore, belle ville au sud du pays entourée de gigantesques plantations de cannes à sucre. Nous visitons son palais avant de prendre la direction du Kerala.

La route traverse le parc national du Nagarahole dans les Ghâsts occidentaux. La plus grande discipline y règne et nous rencontrons de nombreux gardes forestiers. Les bornes et balises routières sont peintes en vert pour ne pas dénoter. Nous apercevons une jeune antilope, quelques singes et un troupeau d'éléphants sauvages. Les bambous géants font une voute sous laquelle nous roulons. D'un seul coup, le plateau s'arrête et commence alors une descente périlleuse vers la plaine, plus d'un kilomètre en contrebas. Périlleuse par la déclivité importante, les virages serrés sans barrières de protection et les trous gigantesques qu'il faut éviter.

                 

A Kozikode (Calicut), nous rejoignons le bord de mer. C'est là que Vasco de Gama a débarqué après avoir découvert la route des Indes par le cap de bonne espérance en 1498. Les Portugais y établirent un comptoir et firent de Kozhikode un centre de négoce extrêmement prospère de 1511 à 1525, célèbre pour ses étoffes de coton tissées dites calicot.

Nous roulons maintenant plein sud dans un Kerala dilué entre communisme, Indouisme et Islamisme, troisième province indienne par la densité de sa population avec près de neuf cents habitants au km² et alphabétisé à presque 100%, ce qui est exceptionnel en Inde. La circulation est plus que dense et nous roulons pendant des centaines de kilomètres sur une route surchargée entre deux murs de maisons au milieu d'une foule immense. Imaginez, plus de la moitié de la population française sur cinq de nos départements !

Peu après Cochin, ancien comptoir portugais mis en place par l'explorateur Vasco de Gama en 1502, je ne vois plus Francis dans mes rétroviseurs. Je m'arrête et j'attends. Une voiture stoppe à ma hauteur : "Votre ami a eu un accident. Ce n'est pas grave".

Demi tour, je fonce et le retrouve cinq kilomètres plus loin, le camping car en travers de la route, l'avant vers le fossé. Un car est arrêté juste devant lui. La capucine porte les traces de la peinture rouge du bus indien qui l'a serré en se rabattant. Une foule importante s'est rassemblée. La police arrive et les négociations commencent. Nous ne voulons pas de constat qui nous immobiliseraient pendant des semaines voire des mois. Une compensation est décidée par la police : mille roupies que paie le chauffeur du car fautif à Khamsy. L'incident est clos. Dépités, nous repartons. C'est l'inde !

Alappuzha, la Venise indienne, nous embarquons pour une promenade sur les back-waters. Le paysage est magnifique. Nous nous faufilons dans les canaux, remontons les bras de mer jusqu'à un immense lac. De petits villages sont implantés sur les rives. Les femmes lavent, cuisinent sous les cocotiers dont les palmes basses viennent affleurer l'eau. Coincées entre les canaux, d'immenses rizières au vert tendre accueillent les travailleurs.

               

Il est temps pour nous de prendre le chemin de Madras. Nous quittons le Kerala comme nous y sommes rentrés, par un parc national, trois cents kilomètres plus au sud. Un des derniers sanctuaires des tigres en inde, le parc du Periyar. Nous roulons au milieu des plantations de thé, de café et de forêts profondes et impénétrables sur le plateau des Ghats entre mille et deux mille mètres d'altitude.

                 

Le Maharastra est sans doute le moins intéressant des états que nous avons visités jusque là. Après un départ prometteur où, entourés de montagnes, nous roulions entre les rizières vert tendre alternant cocoteraies, vignes et plantation de tamarins, le paysage est rapidement devenu plat et un système de petit élevage a pris le dessus. Plus de beaux marchés de légumes et fruits pour égayer les villages sales et embouteillés.

A une trentaine de kilomètres de Madras, nous retrouvons notre ami Joe. Il nous attend à Kovalam et nous installe sur un terrain qu'il vient d'acheter en bord de mer dont nous ne profiterons pas car très dangereuse avec un tombant rapide et de forts courants. De là, nous nous rendons à plusieurs reprises à Madras pour embarquer les campings cars vers la Malaisie. Pour quiconque n'a jamais eu à faire avec l'administration indienne, c'est terrible. Un véritable parcours du combattant. Il faut s'armer de patience, beaucoup de patience. Ne s'étonner de rien et ne pas être pressé. Il nous faudra prés de trois semaines et de nombreux allers-retours pour monter le dossier et faire embarquer les véhicules, payer des taxes non prévues, arroser les douaniers etc.... Au total nous déboursons 50 % de plus qu'annoncé et toujours avec le sourire. C'est encore l'Inde...

Nous terminons notre séjour Indien sur un très beau moment, une soirée de rêve chez Joe où virtuoses de la cuisine et de la musique, sa mère, ses frère, sœur et nièce nous offre un magnifique diner et un tour de chants de haute volée. Nous n'oublierons pas leur merveilleux accueil. Merci et à bientôt sous une autre latitude.

 

Pendant la soirée, nous disons au revoir à Sarah et Rahul des amis de Joe. Nous les avions rencontré à Goa. Ils embarquent dans la nuit pour l'Italie.

Premier janvier 2007, 22 heures 25, nous décollons vers la Malaisie

Bonne année et meilleurs voeux à vous tous qui nous suivez dans nos pérégrinations.

 

 

Dernière mise à jour ( Thursday, 08 December 2011 )
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